Lors d’un débat à la télévision mauritanienne, le président Mohamed Ould Abdelaziz a tapé du poing sur la table, puis a grondé un journaliste qui voulait poser trois questions au lieu d’une seule.
La discussion entre le président et le journaliste, qui apparemment n’est pas en odeur de sainteté au sommet de l’Etat mauritanien, s’est envenimé jusqu’au point où le président a fait arrêter manu militari l’émission, qui passait en direct, pour expulser le journaliste.
« Eteins la télé ! Eteins la télé ! Eteins la télé », ordonne jusqu’à cinq fois le général Ould Abdelaziz au conducteur de l’émission, complètement dépassé par l’esclandre.
Une voix de fond, sûrement un autre journaliste, lance alors en direction du président : « On va tous se retirer! ».
« Retirez-vous tous ! », lui répond le chef de l’Etat.
Au delà de cette poussée d’autoritarisme présidentiel, ce qui étonne agréablement c’est la solidarité sans faille entre journalistes mauritaniens qui font bloc autour de leur confrère face à la colère présidentielle.
Et si cela avait eu lieu au Maroc ?
Premièrement, au Maroc, le roi ne donne jamais d’interview aux journalistes marocains. Il les considère indignes de recueillir ses royales opinions. Seuls les étrangers peuvent le faire. Merci de discriminer le national face à l’étranger !
Deuxièmement, faire montre d’indépendance comme l’a fait ce journaliste mauritanien serait suicidaire pour un journaliste marocain. Non seulement il risquerait d’être arrêté sur le champ, accusé de manquer de respect au souverain, mais le soir même il serait trucidé par… le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) qui fait souvent le sale boulot du Makhzen en diffamant les journalistes avec des communiqués qui paraissent avoir été rédigés au ministère de l’intérieur.
Et dire que certains xénophobes marocains considèrent la Mauritanie et les Mauritaniens en dessous de leur standard de civilisation.
Demain