C’est un livre aux multiples révélations que viennent de publier deux grands reporters français, Christophe Dubois de TF1 et Marie-Christine Tabet du Journal du Dimanche. Paris-Alger : Histoire passionnelle, édité par Stock, sortira demain en libraire en France. Le livre consacre un chapitre aux «affaires» et plus particulièrement aux biens «acquis» ou «mal acquis» par de hauts responsables algériens. On y trouve les noms de la fille de Sellal, Bouchouareb, Saadani, Brahimi, Cherif Abbas….. Tropisme parisien.
L’inénarrable secrétaire général de l’ex-parti unique, qui dispose d’un passeport diplomatique et aurait «demandé un sésame pour pouvoir circuler tranquillement en France», est propriétaire d’un appartement dans les hauts lieux de la bourgeoisie parisienne, Neuilly-sur-Seine. «Saadani est bien propriétaire d’un appartement à Neuilly, qu’il utilise lors de ses déplacement en France, mais il est occupé par l’une de ses filles», raconte l’avocat du patron du FLN, maître Jean-Yves Dupeux, qui s’occupe bien des affaires du chef du FLN reconverti. Selon l’acte de vente, «Amar Saadani a entamé en son nom propre les premières démarches avec le vendeur avant de constituer une SCI plus discrète», révèle le livre.
Un autre nom apparaît pour la première fois dans «la fine équipe» des dirigeants algériens ayant succombé aux charmes de la ville des lumières. Il s’agit de celui du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Si aucun bien n’est déclaré en son nom, en revanche «un membre proche de sa famille a investi dans la capitale. Le 27 avril 2007, sa fille Rym, 28 ans à l’époque, achète un appartement sur l’une des avenues les plus chères au monde, les Champs Elysées. Elle se déclare analyste demeurant à Londres. Ce jour-là, elle devient propriétaire de deux studios situés au niveau de la galerie des Arcades des Champs Elysées. Une adresse de prestige. La vendeuse est une Afghane de 32 ans, consultante fiscale (….). La vente est conclue à 860 000 euros», révèle Christophe Dubois dans son livre. «Le document notarié ne fait apparaître aucun prêt bancaire, mais précise que 50 000 euros ont été versés dès avant ce jour et hors la comptabilité de l’étude notariale», lit-on dans l’enquête menée par les auteurs du livre. Selon les services du courrier de la galerie des Champs-Elysées, Mlle Sellal n’a jamais mis les pieds dans cet appartement, qui serait loué. La question que se pose l’auteur du livre est de savoir d’où viennent les fonds pour acquérir cet appartement. Une hypothèse : mariée à un homme d’affaires libanais, Ramzy El Asmar, qui travaillait pour une compagnie pétrolière à Londres, la fille du Premier ministre aurait réglé la facture par le biais de son riche mari…
Dans ce livre sont mentionnés également les séjours réguliers de l’ancien ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, dans la région lyonnaise. Cet ancien ministre qui traîne la «légitimité révolutionnaire» en bandoulière et se fait passer pour le chantre de l’Algérie indépendante, «se serait installé à Lyon», à en croire les révélations du livre. Ce qui est certain, c’est que la fille de l’ancien ministre réside dans cette ville depuis des années et travaille au consulat d’Algérie.
Selon les statistiques des notaires de Paris, entre 2010 et 2014, «près d’un bien sur dix (appartement ou maison) acquis en Ile-de-France par un étranger l’est par un Algérien».
Le livre fait une autre révélation fracassante. Si ce chapitre du livre – «Alger-sur-Seine» – ne cite pas tous les hauts responsables civils et militaires algériens, actifs ou retraités, qui ont une résidence secondaire à Paris, il résume bien cette formule chère au sociologue Nacer Djabi : «Lorsque les responsables algériens prennent l’avion pour Paris, ils rentrent chez eux…»