Les réponses du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, aux questions et préoccupations des députés, sont programmées aujourd’hui, et ce suite au débat à l’APN consacré à la Déclaration de politique générale, qui comprend six chapitres relatifs au bilan du gouvernement dans les différents secteurs et une conclusion axée sur les avantages de la continuité.
Plusieurs membres de l’APN ont appelé à accorder davantage d’importance aux projets de développement, afin de «consolider» le processus de réformes et s’affranchir de la dépendance aux hydrocarbures. Les députés de la majorité parlementaire (FLN et RND) ont estimé que «la valorisation des efforts du gouvernement implique la poursuite des réformes dans les domaines du développement local, la levée des entraves bureaucratiques et la lutte contre la corruption, dans le cadre de la loi et de l’indépendance de la justice». Se disant convaincu par la déclaration de politique générale, le député Lezhar Chebili (RND) a affirmé que «c’est un bilan satisfaisant dans l’ensemble», citant le montant des crédits alloués aux plans communaux de développement (PCD), ayant augmenté de 60 milliards de DA à 100 Mds DA. De son côté, le député Ahmed Menaï, de la même formation politique, a plaidé pour «l’accélération» de la cadence des projets de développement au profit des régions frontalières, faisant référence au projet de transformation du phosphate d’El Aouinat, générant, a-t-il dit, des recettes estimées à 2 Mds USD/an et 12.000 postes d’emploi permanents, outre ses avantages sur les wilayas limitrophes de Tébessa. Les députés du FLN se sont dits favorables à «davantage de réformes en vue de s’affranchir de la dépendance aux hydrocarbures» et à «la révision du marché national local» dans le but de sa réorganisation et de la lutte contre la fraude.
La députée Fatiha Mosli (RND) a salué «les réalisations accomplies dans tous les domaines» présentées par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, déplorant le fait que le développement local n’ait pas été adapté au développement économique du pays. «Les problèmes du développement local ont créé un fossé entre le gouvernement et le peuple, notamment dans les communes les plus éloignées», a-t-elle fait savoir.
Les députés de la majorité parlementaire se sont aussi félicités des réalisations enregistrées sous la conduite du Président Bouteflika qui, après avoir réussi à instaurer la sécurité, a pu redynamiser l’économie nationale et préserver le caractère social de l’Etat en dépit de la crise financière que traverse le pays. Ils ont évoqué, à cette occasion, les projets destinés à plusieurs secteurs, notamment l’habitat, estimant que les réalisations enregistrées durant les vingt dernières années sont indéniables.
Davantage de décentralisation au niveau local
Le député Slimane Saadaoui (FLN) a évoqué «un choc financier» révélé dans la déclaration de politique générale, citant les indicateurs économiques annoncés par le Premier ministre concernant les dettes liées à l’investissement (49,7%), la dette intérieure (36%), la production pétrolière (moins de 13% contre 10% de revenus seulement) et les réserves de change (138 Mds USD), ajoutant que «les échecs dans la gestion sont une vérité à dire en toute franchise et loin de toute offense à l’égard des responsables». Saïda Azzoug, du FLN, a évoqué les problèmes du développement local dans la wilaya de Bejaia ayant mené à «une effervescence populaire», ajoutant que «nous sommes arrivés à ce stade car l’ensemble des projets de développement sont gelés».
Le député du FLN, Toufik Torch a appelé à davantage de décentralisation au niveau local, alors que Mme Fatiha Tarai (même formation) a soutenu que la décentralisation avait remarquablement réussi dans sa wilaya (Constantine).
Certains députés intervenants ont évoqué la faible croissance hors hydrocarbures, à l’instar de Fathallah Chaabni (FLN) qui s’est interrogé sur «notre place vis-à-vis du slogan portant augmentation de l’exportation hors hydrocarbures».
D’autres députés représentants des partis au pouvoir ont mis en avant les différentes «réalisations» accomplies par le gouvernement dans le domaine socioéconomique, citant comme preuve les chiffres avancés par M. Ouyahia.
Réviser les codes de commune et de wilaya
Par ailleurs, le député Habri Nabi du MSP a estimé que la Déclaration n’a pas porté ses fruits en matière de développement. «Nous avons dépensé des milliards de dollars et continuons à importer du lait et du blé, à geler les postes d’emploi, et à voir le dinar dégringoler». M. Said Zouar, de la même formation politique, a tenu à souligner «la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens, du fait de l’inflation et de la planche à billets». Evoquant les lacunes enregistrées sur le plan économique, en dépit de la volonté de l’Etat et des efforts consentis pour réduire le taux de chômage, les députés du groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix ont appelé à procéder à une évaluation globale des dispositifs mis en faveur des jeunes et qui n’ont pas donné de résultats.
Pour sa part, la députée Nadia Chouitem (PT) a qualifié les chiffres présentés par la Déclaration de politique générale du gouvernement de «falsifiés», considérant le contenu de la Déclaration comme une «tentative avortée de falsifier la vérité», dénonçant plus particulièrement la hausse du taux de chômage, la propagation de la migration clandestine, la fuite des cerveaux et l’augmentation du volume des impôts non recouvrés.
M. Lakhdar Ben Khellaf de l’Alliance Nahdha-Adala-Bina, a relevé «des paradoxes flagrants entre les avertissements autrefois émis par le gouvernement sur la crise de la conjoncture financière, voire économique du pays, et les assurances présentées devant l’Assemblée». De son côté, la députée Fouzia Tahraoui Douma, du Front démocratique libre (FDL), a imputé le retard de certaines communes en terme de développement «au caractère corrompu de certains élus locaux».
A son tour, le député du Front Moustakbal, Houcine Damen, a fait état du retard du cadre réglementaire relatif à la révision des codes de la commune et de la wilaya, susceptibles de renforcer la démocratie participative et de conférer aux communes davantage de prérogatives dans la gestion du développement».Les députés du RCD ont exprimé, de leur côté, plusieurs critiques au Premier ministre et aux membres de son gouvernement, qualifiant les chiffres avancés dans la déclaration d’«incorrects» et ne reflétant pas la réalité.
La députée Fetta Sadat (FFS) a évoqué, quant à elle, «l’absence du principe de séparation des pouvoirs», alors que le député Hamdous Mohamed a abordé, pour sa part, «les restrictions aux libertés et l’exode des cerveaux vers l’étranger», outre «l’absence d’une politique réelle et saine à même de garantir la dignité aux citoyens».