La formation politique « Podemos » a mis en garde mercredi le gouvernement espagnol contre les conséquences d’une « entente » avec le Royaume marocain dans le dossier de l’immigration, soulignant que « Rabat pourrait utiliser la carte de la migration pour faire du chantage à l’Espagne sur d’autres dossiers ».
La formation de gauche a adressé une mise en garde au chef du gouvernement, Pedro Sànchez, contre les « conséquences néfastes » de s’appuyer sur les autorités marocaines sur ce dossier de l’immigration, dénonçant l’initiative de certains ministres qui avaient réclamé récemment à l’Union européenne (UE) d’accorder « davantage d’aides » au Maroc pour « faire face aux flux migrants », ont rapporté des médias espagnols.
La porte-parole de Podemos, Ione Belarra, s’est adressée à l’Exécutif ibérique au sein de la chambre basse du parlement, l’invitant à régler le problème de l’immigration par « ses propres moyens », sans compter sur les services de Rabat.
« Vous ne pouvez pas l’externaliser à des pays qui violent les droits de l’Homme », a dénoncé devant les députés, Ione Belarra, rapporte l’Agence espagnole Europa press.
La députée a affirmé que « le Maroc pourrait jouer de la carte de la migration pour faire chanter l’Espagne sur d’autres dossiers », a poursuivi la même agence, précisant que cette « idée est largement partagée par des milieux politiques de gauche et de droite, ainsi que par la presse ».
Plaidant pour une nouvelle campagne de régularisation des migrants afin que « les gens ne soient pas obligés de sauter les barrières de Ceuta et Melilla ou à recourir à des embarcations de fortune », la députée de Podemos a appelé le gouvernement espagnol à mettre un terme aux « refoulements sommaires » vers le Maroc de migrants subsahariens.
Parallèlement à la mise en garde émise par la gauche espagnole, un enquêteur de ‘por Causa’, une fondation internationale qui enquête sur les questions de migration, a soutenu, de son côté, que le Maroc « utilise » dans le cadre de ses négociations avec l’Espagne, « la question de l’immigration » en procédant volontairement à l’assouplissement des contrôles aux frontières.
L’enquêteur Gonzalo Fanjul a soutenu dans ce contexte que « traditionnellement, les forces de sécurité de l’Etat marocain serrent ou desserrent les vis en fonction des circonstances ».
Le Royaume marocain, situé à 14 kilomètres de la côté espagnole, est devenu le pays de transit le plus emprunté par les migrants, selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Plus de 23 500 migrants sont arrivés depuis janvier 2018 par la mer en Espagne, plus que sur l’ensemble de l’année dernière, alors que Rabat et Bruxelles négocient actuellement sur une aide financière pour le Maroc devant servir « à protéger ses frontières avec l’UE ».
Bruxelles avait annoncé juillet dernier qu’elle accordait 55 millions d’euros au Maroc et à la Tunisie pour « améliorer la gestion des frontières maritimes, sauver des vies en mer et lutter contre les passeurs opérant dans la région ».