Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), invité hier du Forum d’El Moudjahid, plaide pour plus de prérogatives pour l’instance qu’il préside, créée dans le sillage de la nouvelle Constitution. Cependant, pour Abdelwahab Derbal, la HIISE est loin d’être une autorité au-dessus de toutes les autorités. Sa principale mission est de veiller au respect de la loi, pour faire du scrutin du 4 mai prochain, une réussite.
La création de la HIISE est venue en réponse à une principale question. Celle de garantir la transparence des scrutins. Sur les gages de sa transparence, le conférencier a relevé le fait qu’elle soit composée de magistrats, qu’elle soit permanente et non provisoire, en plus de son inscription dans la Constitution contrairement aux anciennes commissions de surveillance qui disparaissaient avec la fin du processus électoral. Sans oublier, qu’elle est régie par une loi organique. Issue de la dernière révision constitutionnelle inscrite dans le cadre du processus de reformes engagé, par le président de la république depuis 1999, la nouvelle Loi fondamentale lui confère la mission, en toute indépendance, de consolider la crédibilité des élections et de veiller à leur transparence et probité, depuis la convocation du corps électoral jusqu’à la proclamation des résultats du scrutin. Abdelwahab Derbal, a tenu , à rappeler l’essence même de l’existence de cette instance mise sous les feux de la rampe depuis son installation et bien plus, depuis le début de la campagne électorale. L’invité du Forum, a expliqué avec regret, qu’il a été constaté sur le terrain, que «beaucoup, craignent la transparence plus que la fraude». Il faut dire que crier à la fraude reste le propre des mauvais perdants. C’est en substance, ce qu’a déclaré, hier, le président du HIISE au Forum d’El Moudjahid, qui a tenu, à rappeler les missions de cette entité composée, dit-il de compétences qui veillent au grain. M. Abdelwahab Derbal, connu pour son franc-parler, refuse que l’on sème le doute sur les précédentes joutes électorales. Il se dit un homme, qui préfère parler d’avenir, et que son rêve est de voir l’Algérie organiser des élections, sans instance de surveillance, dans le strict respect des lois. La conférence, qui intervient au 15e jour de la campagne électorale, a drainé un grand nombre de journalistes. Une occasion pour faire le point et surtout apporter des réponses à de nombreuses interrogations, notamment celle qui a suscité une grande polémique à savoir l’absence des photos de candidates sur certaines affiches. Tout en faisant ressortir le poids des traditions de la société algérienne, et l’Algérie ce n’est pas Alger, le président de la HIISE convient que la pratique est non conforme à la loi. Par la même occasion, il a tenu à signaler que la loi électorale contient quelques vides juridiques appelés à être à combler. Tout comme il est interdit, selon lui, le procédé qui consiste à mettre sur l’affiche la photo d’une autre personne que celle du candidat officiel. Pour ces cas, cela peut être considéré comme faux et usage de faux. En revanche, précise-t-il, la loi n’oblige pas les partis à publier les photos des candidats, sauf pour la tête de liste. Par ailleurs, il a souligné, que la loi, est on ne peut plus claire, sur l’utilisation de placards publicitaires publiés sur les colonnes de la presse nationale. A ce propos, il a cité deux cas qui ont nécessité son intervention personnelle.
Il s’agit des candidats qui ont acheté des espaces publicitaires dans la presse écrite pour faire passer leurs messages. «La loi interdit la publicité dans la presse, nous avons saisi les concernés, ils ont cessé leur campagne» a rappelé le premier responsable de la HIISE, Abdelwahab Derbal, à partir du Forum d’El Moudjahid, qui a appelé au respect des voix des Algériens, même ceux qui appellent au boycott, tout en espérant une grande participation à ce scrutin, car le message à l’intérieur et à l’extérieur ne sera que plus fort. L’Algérie, a t-il rappelé, vit dans une zone pleine de dangers, l’instabilité pèse sur nous. C’est pourquoi , il juge, lui l’expert en droit constitutionnel, qu’il vaut mieux vivre dans le cadre de «lois injustes», que dans une «anarchie». Interrogé sur le rôle de l’Administration, le conférencier estime qu’aujourd’hui le plus grand défi est de casser ce tabou qui fait croire que l’Administration a une responsabilité dans la fraude. Dans ce sillage, il a mis en évidence tout le travail accompli par l’administration dans l’assainissement du fichier électoral, même si l’opération n’est pas totalement finalisée pour des «raisons culturelles». Il y a lieu de rappeler que M. Derbal avait annoncé les quelques 700.000 radiations du fichier électoral national, tout en qualifiant cette opération d’«une première dans l’histoire de l’Algérie indépendante». Sollicité pour commenter les actions menées par les partis et les candidats indépendants durant cette campagne électorale, M. Derbal, voit dans les sorties de proximité une évolution dans l’action politique en Algérie, tout en refusant de commenter les déclarations des uns et des autres, mettant les dérives de certains sur le compte du manque de maîtrise des règles de la communication. Pour lui, cette campagne se déroule dans la sérénité, et les choses se sont bien passées jusque-là. D’ailleurs son instance n’a pas eu à intervenir sur des problèmes majeurs. Toutefois, il a reconnu que les cas des saisines enregistrés se limitent à des dépassements mineurs et au niveau local. Et ce sont les représentants locaux de son instance qui ont pu les gérer, car l’instance fonctionne d’une manière décentralisée. A ce propos, il n’a pas manqué de saluer la réactivité et l’esprit positif des parties que son instance a eu à interpeller. Par ailleurs, il s’est dit étonné de l’utilisation timide par les candidats des espaces et canaux qu’ils leurs ont été dédiés pour cela. «J’ai été surpris de découvrir que 50% de ces espaces ne sont pas utilisés par les candidats durant les premiers jours.» Heureusement, il y a eu une reprise lors de la seconde semaine de la campagne. A propos des relations entre l’HIISE et les observateurs étrangers, M. Abdelwahab Derbal dira, que des rencontres sont prévues et dans ce sillage il a annoncé l’arrivée de la délégation des observateurs de la Ligue arabe le 26 ce mois, suivie la fin du mois par celle de l’Union awfricaine la fin du mois.
Nora Chergui