La reconnaissance explicite du poids économique du privé algérien, suppose également un rôle central qu’il devra jouer dans l’économie du pays.
Le premier mai de cette année, parce qu’il intervient dans un contexte économique difficile, impose le thème de la nécessaire diversification de l’économie nationale pour sortir une bonne fois pour toutes de la dépendance aux hydrocarbures.
Le président de la République qui a adressé, hier, un message aux travailleurs algériens, a évoqué le défi de l’émergence que l’Algérie doit absolument remporter pour s’extirper de la zone rouge où l’a mise la chute brutale des prix du pétrole. Dans son message lu en son nom, à Tiaret, par le ministre de la Culture, le chef de l’Etat est revenu sur les luttes des travailleurs algériens, durant la guerre de Libération nationale, les tâches d’édification du pays, la période du terrorisme aveugle pour en arriver à la situation de l’économie nationale en 2017. Sur le sujet, le président de la République note l’importance de l’engagement des travailleurs, la mobilisation des patrons et la bonne gouvernance du gouvernement. Ce triptyque, actuellement difficile à réunir dans beaucoup de pays de la planète, est déjà une réalité chez-nous. Il a ainsi évoqué les conditions difficiles qui ont présidé à la création de la tripartite où «les travailleurs, le patronat et le gouvernement ont solidairement fait face à cette situation difficile, par la voie du dialogue, de la concertation et de la négociation au sein de la tripartite qui est un modèle salué mondialement par l’Organisation internationale du travail», souligne le président de la République.
Cet acquis qui a très largement montré son efficacité à de nombreuses occasions, a permis la stabilisation du front social. Il reste, indique le chef de l’Etat, que la balle est dans le camp des opérateurs économiques. «Le défi exige du patronat local de se mobiliser, aujourd’hui plus que jamais, pour accroître l’investissement dans tous les secteurs et le déployer, ainsi, à travers tout le territoire national», a insisté le chef de l’Etat, mettant ainsi en évidence le rôle central de ce qu’il a qualifié en une autre occasion de «capital national». Cette reconnaissance, explicite du poids économique du privé algérien, suppose également un rôle central qu’il devra jouer dans le cadre du nouveau modèle de croissance économique. Le président de la République ne se limite pas à une simple reconnaissance mais engage avec détermination l’Etat «à accompagner la promotion de l’investissement national et en partenariat, par son soutien multiforme et par la promotion de l’environnement économique». Cela vaut une volonté politique clairement exprimée, qui va dans le sens d’un encouragement de toute action du «capital national». Mais cette assurance du chef de l’Etat est tout de même accompagnée par un constat de carence que fait le premier magistrat du pays quant aux progrès qu’il estime encore insuffisants. Mais ces bourgeonnements économiques sont, aux yeux du président Bouteflika, «une source d’espoir pour tout notre peuple, et de courage pour redoubler d’efforts afin de surmonter la nouvelle crise financière induite par la chute des prix du pétrole, et pour rejoindre le peloton des pays émergents». Le mot est dit. C’est essentiellement l’objectif final et espéré du chef de l’Etat qui ne s’interdit pas de penser que l’Algérie «possède les moyens des avancées qu’elle doit encore accomplir».
On sent, en effet, dans le message du président de la République, une forte conviction que le pays est aux portes de l’émergence. Il suffit d’un subtil mélange d’engagement et de mobilisation pour s’ouvrir définitivement le chemin de la stabilité économique véritable. Une seule condition à cela, affirme le président de la République. Le pays «interpelle ses enfants pour mettre davantage en valeur ses atouts réels, et les travailleurs et les travailleuses sont de nouveau interpellés par ce nouveau défi», insiste-t-il.
Il est clair que, même enclenché, pareil processus prend du temps. Le président en a conscience, estimant que l’objectif de l’émergence exige «la préservation de la paix sociale dans les entreprises et dans tous les espaces de travail». L’enjeu consiste à donner du temps au temps pour que les investissements réalisés puissent aboutir à la modernisation effective de l’outil de production, ainsi que les progrès dans les réformes de l’environnement économique.