Rendus publics vendredi, les résultats préliminaires du scrutin ont suscité diverses réactions et commentaires, des leaders des principales formations politiques. Les uns se sont déclarés satisfaits, parce qu’ils ont réalisé de bons résultats ou des résultats honorables, d’autres n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement, au vu de leur faible performance. Le conseil constitutionnel statuera sur les recours dont il sera destinataire.
Front El Moustakbal
Satisfaction
M. Abdelaziz Belaïd, qui s’exprimait hier, lors d’une conférence de presse animée au siège de sa formation politique, a exprimé sa satisfaction des résultats obtenus par son parti, lors des élections législatives du 4 mai, qu’il qualifie de «positifs», même s’il ambitionnait à davantage de sièges. «Les résultats du scrutin sont positifs mais en deçà des attentes du parti. En fait, nous nous attendions à plus de sièges, au regard de tous les efforts consentis, notamment, lors de la campagne électorale mais aussi du programme proposé au citoyen», a-t-il affirmé. M. Abdelaziz Belaid mettra d’ailleurs à profit cette rencontre pour présenter ses remerciements aux candidats inscrits sur les listes électorales de cette formation politique qui ont fait de leur mieux pour convaincre le maximum d’électeurs.
Un grand merci a été adressé également, et en premier lieu, à l’ensemble des citoyens qui ont voté pour le parti. Il convient de rappeler, ici que le Front El Moustakbal, fondé en février 2012, a enregistré une grande avancée, de 2012 à ce jour, passant ainsi, de deux sièges lors des élections législatives de 2012 à 14 sièges en mai 2017, avec un siège à Marseille. Ces résultats sont à même de «donner une nouvelle impulsion à l’action du parti», note M. Abdelaziz Belaid.
Rencontre d’évaluation en fin de semaine
Le premier responsable du Front El Moustakbal a annoncé d’autre part qu’une rencontre est prévue ce week-end, et plus précisément, vendredi prochain, avec les directions de wilayas aux fins de procéder à une évaluation pleine et entière du processus électoral, en ce qui concerne cette jeune formation politique.
Cela dit, «le parti compte introduire des recours après la collecte de toutes les informations nécessaires en provenance des représentants du parti de certaines wilayas», fera savoir M. Abdelaziz Belaid, sans pour autant donner davantage de précisions sur le nombre de ces recours. Mettant en avant la formation politique qu’il dirige «œuvre à la préservation de la stabilité du pays «, le président du Front El Moustakbal mettra l’accent sur l’importance du renforcement du dialogue national entre toutes les parties et acteurs de la scène politique.
Il souligne dans ce cadre que «le climat général qui a régné lors de cette échéance électorale démontre que le pays se fraye un chemin vers la démocratie, malgré certains dépassements dans certaines régions», a-t-il dit, estimant qu’il s’agit là de problèmes pouvant survenir dans toutes les opérations électorales.
Il faut dire que tout au long de la campagne électorale qui a précédé le vote du 4 mai et qui a duré pas moins de trois semaines, soit du 9 au 30 avril dernier, le Front El Moustakbal a travaillé dans la proximité en proposant un programme en forme pyramidale avec à la base, l’éducation, l’enseignement, la santé, la formation et la recherche scientifique et à la tête de cette pyramide, figure le secteur de la justice.
«C’est la réforme de la justice qui est le fondement de la gouvernance», soutient M. Abdelaziz Belaid, qui a insiste également sur la protection de la classe sociale moyenne qui représente, selon lui, «le ciment qui consolide l’Algérie».
MSP
Makri relativise les résultats de l’alliance
Le peuple a choisi le Mouvement de la société pour la paix (MSP) entré en alliance avec le Front du changement (FC) comme troisième force politique du pays après avoir obtenu 33 sièges à la prochaine Assemblée populaire nationale (APN), loin derrière les deux premiers le FLN et le RND. Une situation qui visiblement n’a pas convaincu Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui s’attendait à ce que sa coalisation de mouvance islamique puisse réaliser des «résultats bien meilleurs».
A cet effet, il exprimera sa «non satisfaction» quant aux résultats préliminaires décrochés par sa formation politique, annoncés vendredi par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui. Néanmoins, jouant apparemment sur les deux tableaux, M. Makri s’est dit «satisfait» des acquis réalisés à la faveur de ces élections qui ont contribué à «l’enrichissement du programme électoral de l’Alliance et l’amélioration de sa performance politique» ainsi que de l’expérience acquise par le mouvement à la faveur de son alliance avec le Front du Changement
Lors d’un point de presse animé, hier, en son siège à Alger, le président du MSP a déclaré que les 33 sièges obtenus lors de l’opération électorale du 4 mai ne «reflète pas vraiment» la réalité du terrain. Dans ce contexte, Abderrezak Makri nous apprendra que son alliance déposera «plusieurs recours au niveau du Conseil constitutionnel pour récupérer quelques sièges». En indiquant que dans certaines régions du pays, les représentants de sa formation ont constaté un bon nombre de dépassements à travers l’amplification du nombre de voix en faveur de certaines formations politiques, citant à cet égard l’enregistrement — selon le responsable — un déséquilibre dans les chiffres indiqués à travers les procès-verbaux du dépouillement du vote.
Et d’ajouter «c’est inadmissible nous avons constaté dans certains endroits une nouvelle fois une fraude dans les élections du 4 mai», tout en insistant que son parti «dispose des preuves tangibles, des images, des vidéos et des documents». Il déclarera également que dans d’autres régions reculées du pays, des cas de fraudes ont été constatés. Néanmoins selon lui, du fait que les contrôleurs ont été priés de sortir des bureaux de vote «nous ne pouvons pas prouver le détournement des voix». Il regrettera cependant le prolongement de l’opération électorale d’une heure. En effet, selon lui, l’objectif de cette prolongation, était de «permettre aux fraudeurs d’accomplir leur mission en bourrant les urnes et de changer les procès-verbaux des résultats». Sur un autre sujet, à savoir l’avenir politique de la coalition, le premier responsable du MSP soulignera que cette nouvelle expérience politique est «très fructueuse», ce qui poussera les deux parties formant l’alliance de rester ensemble «activant dans le cadre de l’opposition constructive». Répondant à une question sur le devenir de l’Alliance, M. Makri a affirmé que «l’Alliance continuera d’activer dans le cadre de l’opposition constructive», relevant par la même occasion que «les conclusions de la réunion du conseil consultatif national du mouvement prévue «prochainement» détermineront la feuille de route de l’Alliance pour la prochaine étape. De son côté Abdelmadjid Menacera, président du Front du changement (FC) et tête de liste de la coalition de la wilaya d’Alger, a exprimé sa «fierté».
TAJ
Belle performance en attendant les municipales
C’est un Amar Ghoul aux anges qui s’est présenté, hier, au siège de son parti, sis à Alger, pour réagir aux résultats des législatives du 4 mai qui ont propulsé TAJ comme 4e force politique, derrière le traditionnel trio composé du FLN, RND et MSP, en obtenant 19 sièges. «C’est une belle et grande victoire pour notre formation. TAJ est plus que jamais le parti du peuple par excellence. Le scrutin du 4 mai consacre la naissance effective de TAJ», a-t-il lâché lors d’une conférence de presse. Cependant, et même s’ils sont «plus qu’honorables», ces résultats restent aux yeux du président de Tajamou’e Amal Jazair en «deçà» des ambitions de cette jeune formation. Et il ne s’en cache pas en assurant que le parti se projette déjà vers les prochaines échéances électorales, à commencer par les locales, prévues en automne prochain. «Nous avons travaillé durement durant ces cinq dernières années, soit depuis la création de TAJ, et n’avons ménagé aucun effort. Nous cueillons désormais les fruits de notre labeur», a-t-il considéré, assurant que cette 4e place dans l’échiquier politique constitue un acquis « inestimable. «Évoquant le secret de cette «réussite» électorale, Amar Ghoul qui a sillonné, le temps de la campagne électorale, une bonne partie du territoire national (30 wilayas), a cité plusieurs facteurs ayant contribué à ces résultats dont la «jeunesse» de son parti, donc la première participation à des législatives, la présence de listes dans la majorité des circonscriptions électorales en procédant via sa base à la collecte des signatures et surtout, a-t-il insisté, la confection des listes des candidats a été l’apanage «exclusif» de la base, soit les militants au niveau local. «Aussi, il ne faut pas occulter la qualité de nos listes, avec notamment la présence en force des jeunes aux compétences avérées, soit de niveaux instructifs élevés», a soutenu le président de TAJ qui laisse la porte ouverte à toute la classe politique. «Ils sont tous nos partenaires. Nous n’excluons personne à condition toutefois que les lois de la République soient respectées et les institutions élues légitimement ne soient pas remises en cause. Tous ceux qui œuvrent pour l’unité et la stabilité de l’Algérie sont nos partenaires», a-t-il assuré. Interrogé sur le faible taux de participation aux législatives du mai, à peine 37%, Ghoul n’y voit pas un handicap et estime qu’il est «acceptable» eu égard à la conjoncture actuelle que traverse notre pays. En revanche, il affirme «primordial» de redoubler d’efforts en termes de «sensibilisation» des citoyens sur la nécessité de «s’impliquer pleinement» dans l’édification des institutions élues. Pour lui, il est urgent de se pencher sur les véritables raisons qui poussent la majorité du peuple, notamment les jeunes à fuir les élections. «Toutefois, il faut préciser que traditionnellement, les élections législatives contrairement par exemple aux présidentielles ou les municipales n’attirent as trop l’intérêt des citoyens», a-t-il fini par justifier ce taux.
« Une force de proposition à l’APN »
Avec ses 19 députés en attendant bien évidemment les résultats définitifs, TAJ ne compte pas faire de la «figuration» au sein de l’Assemblée nationale, bien au contraire. «Si nous avons participé aux élections et réussi à obtenir des sièges à l’APN, c’est pour être une vraie force de propositions afin de contribuer au développement de notre pays. Nous sommes disposés à participer avec toutes les forces vives de la nation pour relever les multiples défis qui attendent l’Algérie», a souligné le chef de Tajamou’e Amal Jazair qui ne va pas se contenter des 19 sièges obtenus lors de ce scrutin. Son président qui a fait état de plusieurs cas «d’irrégularités» et de «dépassements» constatés dans 8 wilayas du pays et qui ont pénalisé, selon lui, le parti, veut apparemment plus. «Naturellement, nous allons déposer des recours devant le Conseil constitutionnel», a-t-il confié non sans inviter les partis qui estiment être victimes de la fraude, de suivre cette voie «légale», «organisée» et «civilisée».