Ce match Mali-Algérie fait beaucoup parler de lui et fait couler beaucoup d’encre, parce que c’est le match qui oppose les deux prétendants les plus sérieux, du moins sur le papier, à la qualification pour le tour suivant. Il est clair qu’après son succès 4 buts à 0 face au Rwanda, lors de la première journée de ces éliminatoires zone Afrique, pour Brésil 2014, un deuxième succès face aux Aigles du Mali permettrait à notre équipe nationale de gérer sereinement cette poule en restant maîtresse de son destin. Surtout que le Mali actuel n’a rien de commun avec l’équipe qui a fini troisième de la dernière CAN au Gabon et en Guinée équatoriale, les problèmes politiques graves étant passés par là depuis. Mais en plus de la gagne et de la qualification pour le prochain tour et de cette course au Mondial 2014, il y a d’autres paramètres et facteurs qui rendent ce match Mali-Algérie capital en ce qui concerne la suite des évènements pour Vahid Halilhodzic, son staff et bien sûr ses joueurs. Après avoir développé l’enjeu numéro un de ce match, nous allons tenter de parler des autres enjeux, non moins capitaux, qui se cachent derrière ce match Mali-Algérie.
Vahid attendu au tournant
Même si Vahid Halilhodzic fait quasiment un sans-faute, depuis sa prise de fonction, sa plus mauvaise performance à ce jour étant un match nul, en Tanzanie, ce qui n’a, en soi, rien de déshonorant. Ses récentes victoires face à la République centrafricaine et surtout les scores lourds infligés au Niger et au Rwanda, les ont rendus, Mohamed Raouraoua et lui, très populaires chez les supporters et intouchables en ce qui concerne la critique, puisque l’équipe nationale gagne et pratique un très beau football, offensif et technique sur une pelouse de Tchaker, que l’on ne trouve qu’en Angleterre tant elle est parfaite. Toutefois, lorsqu’on regarde les commentaires d’après-match ou les déclarations de certains spécialistes, qui imputent les bons résultats des Verts à la pelouse uniquement, qui veulent aussi raviver la vieille rengaine «pros vs locaux», oubliant que c’est Halilhodzic lui-même qui a ramené les locaux dans la danse après des années de marginalisation, on sent que certains médias avec qui le technicien bosnien n’a pas été tendre ces derniers temps, ou chez certaines voix nostalgiques d’un certain passé récent, qui font aussi dans le corporatisme, car un étranger est en train de réussir là ou eux ont échoué, qu’en cas de contre-performance face au Mali, aucun cadeau ne sera fait à l’équipe nationale et à son staff. Vahid Halilhodzic est conscient de cela et sait qu’en remettant de l’ordre dans la maison verte, en mettant certains joueurs devant leurs responsabilités, et en faisant jouer la concurrence totale, mettant en concurrence réelle l’ensemble des joueurs, où qu’ils soient, d’intégrer l’équipe nationale, et en remettant l’ensemble du staff au travail, il s’est fait des ennemis à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Car certains étaient habitués à se la couler douce en étant rémunérés, pendant que d’autres, en Europe, tiraient les ficelles pour obtenir des sélections à leurs poulains pour des transferts juteux. Vahid Halilhodzic est conscient de tout cela et se bat sur chaque match comme si sa vie en dépendait pour gagner et couper la route et le sifflet à ses détracteurs qui l’attendent au tournant. Une victoire contre le Mali lui permettrait de faire taire ces voix discordantes et de lui permettre de travailler dans la sérénité. Travailler dans la sérénité, c’est tout ce qu’il demande.
A la recherche du match référence
Nous savons aussi que Vahid Halilhodzic est un eternel insatisfait. Après le 4-0 face au Rwanda, il a félicité ses joueurs en conférence de presse et s’est empressé de regretter aussi que les joueurs algériens aient vendangé certaines occasions qui auraient pu aggraver le score. Là où nous voyons le verre à moitié plein, Halilhodzic le voit à moitié vide. Le Bosnien sait que, pour espérer aller au Mondial 2014, il a besoin de se qualifier au second tour, mais pas seulement. Ce premier tour, pour être une totale réussite dans son optique, doit en plus de faire arriver l’équipe nationale en tête au niveau des points, la faire progresser au niveau du jeu et du mental pour la faire arriver sereine à ce second tour où il n’y aura que des grosses équipes du continent du type Côte d’Ivoire, Sénégal, etc. Pour lui, le seul moyen d’y arriver et de faire taire par là même ses derniers détracteurs, il l’a déclaré lui-même d’ailleurs à Blida, c’est de transformer ce match à l’extérieur face au Mali en match référence.
Halilhodzic veut son Algérie-Sénégal à lui
Vahid Halilhodzic le sait, tous ses bons résultats face à des «petites équipes», qui, jadis, nous posaient énormément de problèmes, même s’ils sont un progrès, ne sont pas à même d’étalonner la valeur réelle de l’équipe. Pour se remettre définitivement sur les rails et jouer la qualification à fond, une équipe a besoin d’un match référence, c’est-à-dire, un match joué face à une grosse équipe, de préférence à l’extérieur et où l’on défie les statistiques pour s’y imposer. Coach Vahid sait qu’après un tel match, comme l’a dit Nordine Kourichi, tous les indicateurs seront vraiment au vert, et l’équipe nationale deviendra increvable. Souvenez-vous de ce 5 septembre 2008 où l’Algérie, avec un super Yassine Bezzaz, avait battu le Sénégal à Tchaker sur le score de 3 buts à 2. Ce match avait servi de déclic aux poulains de Saâdane et les avait boostés et propulsés jusqu’à la Coupe du monde 2010. Vahid Halilhodzic sera en quelque sorte à la recherche de son «Algérie-Sénégal» à lui et à sa génération sur la pelouse d’Ouagadougou, dimanche soir, face au Mali. M. B.
source: competition.dz/ Mohamed Bouguerra