Les habitants d’Al Hoceima ne décolèrent pas, et les violences entre forces de l’ordre et manifestants sont montées d’un cran lundi 26 juin, jour de l’Aïd el-Fitr.
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour le dernier jour de ramadan, malgré les importants barrages de police qui encerclaient la ville du Rif pour tenter d’empêcher les habitants de la province de se joindre au cortège.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses images et vidéos témoignent de l’important dispositif sécuritaire déployé, notamment sur la place des Martyrs au coeur de la ville.
Selon Le Desk, des unités de la gendarmerie royale de guerre, qui stationnent généralement au Sahara, ont été « appelées en renfort pour établir des check-points sur tous les axes routiers menant à la ville. »
L’appel à un nouveau rassemblement du « Hirak » avait été lancé dès vendredi sur Facebook par les militants du mouvement de contestation.
Coups de matraque
Une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux, diffusée sur Facebook par le média local Rif24 (dont deux journalistes ont été arrêtés début juin) et par Abdessadak Elbouchattaoui, un des avocats de Nasser Zefzafi, en prison depuis trois semaines.
Sur la séquence d’une minute, que vous pouvez voir ci-dessous, on aperçoit des centaines de personnes fuyant les policiers, dont certains frappent des manifestants et manifestantes à coups de matraque et de pieds.
39 policiers blessés
Du côté des forces de l’ordre, 39 policiers ont été blessés à Al Hoceima suite à des jets de pierres commis « par un groupe d’individus, dont certains étaient encagoulés », ont indiqué lundi soir des sources locales à la MAP. Certains policiers ont été transférés à l’hôpital.
« Ces individus se sont également attaqués au service des urgences de l’hôpital provincial, causant des dégâts matériels à ses dépendances et à l’une des ambulances qui transportait deux éléments blessés des forces de l’ordre », ajoute la même source. Deux blessés à bord de l’ambulance ont été agressés, ainsi que des éléments de la protection civile.
D’autres localités proches d’Al Hoceima ont également connu des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, notamment à Ajdir, où trois personnes ont lancé des bombes de gaz lacrymogène contre des membres de la gendarmerie royale au niveau d’un barrage de contrôle routier, rapporte la MAP. Les trois hommes ont été arrêtés.
Huit mois de tensions
Cela fait maintenant près de huit mois, depuis la mort de Mouhcine Fikri le 28 octobre dernier, que le Rif est sous tension. Depuis fin mai, les manifestations sont quotidiennes.
La vague d’arrestations de plus d’une centaine de manifestants a changé les mots d’ordre des rassemblements. Les habitants appellent désormais à la libération des détenus et à la fin des violences policières.
Certains proches de prisonniers ont accroché des drapeaux noirs à leur balcon en signe de tristesse. Le père de Mohamed El Asrihi, directeur de Rif24 emprisonné, aurait fait un malaise après que la police a tenté d’arracher le drapeau.
Pour l’instant, aucun chiffre officiel sur le nombre d’arrestations ce lundi n’a été annoncé.