Les deux mille supporters algériens qui se rendront au Brésil pour la Coupe du monde pourraient être confrontés à des risques réels sur le plan sanitaire. Pour l’heure, les autorités algériennes n’ont pas encore pris de mesures en matière de vaccination contre les maladies tropicales et de sensibilisation aux risques d’infection au VIH/Sida.
Brésil, le football, les plages de sable fin, la samba, les jolies filles… au-delà de la carte postale féerique peuvent se cacher de réelles menaces. Dans ce pays d’Amérique du Sud, elles sont essentiellement d’ordre sanitaire.
Le docteur Fethi Benachenhou, qui se présente comme «médecin très inquiet de l’état de la santé», tire la sonnette d’alarme. «Plusieurs centaines de jeunes Algériens vont séjourner durant deux semaines au Brésil, un pays où la fièvre jaune et le paludisme sont des maladies très présentes. Des dispositions auraient dû être prises pour vacciner les supporters et les membres de la délégation.
Le temps presse car dans le cas de la fièvre jaune, le vaccin doit être administré dix jours avant le départ. Mais jusqu’à présent, rien n’a été fait. Une commission a bien été installée pour gérer tous les aspects liés à la participation de l’Algérie au Brésil, mais impossible d’obtenir des informations sur la prise en charge sanitaire», explique le docteur Benachenhou. Il ne manque pas de rappeler les cas des supporters atteints de paludisme après être revenus de la Coupe d’Afrique qui s’est tenue au Burkina Faso.
L’autre danger très présent au Brésil est sans nul doute le VIH/sida. «C’est un réel problème car il n’y a aucune campagne de sensibilisation concernant le sida. La notion de corps et de sexe au Brésil diffère totalement de celle de la société algérienne. Les supporters seront confrontés à un très grand risque si aucune disposition n’est prise pour les sensibiliser. Là encore, il n’y a eu aucune campagne d’information sur ce sujet».
Du côté de la Fédération algérienne de football, on confirme que toute personne devant se rendre au Brésil doit être munie d’un carnet de vaccinations. «C’est une obligation, les cadres de la FAF qui se sont rendus dans ce pays devaient présenter ce document à l’entrée du territoire», indique Adel Hadji, responsable de la communication de cette fédération. Il avoue cependant ne pas avoir de détails sur les vaccins imposés par les autorités brésiliennes. «Prenez attache avec le Touring voyage d’Algérie, qui est en charge de l’organisation du séjour». Mais à TVA, on ne semble pas en savoir plus.
La préposée au guichet explique avoir vaguement entendu parler d’une vaccination obligatoire. «Je pense que les personnes concernées par ce voyage recevront tous les détails lorsqu’elles se présenteront pour retirer leurs billets», note-t-elle.
Le responsable du programme Brésil étant absent, un cadre du tour-operator public explique que cette question relève du ministère de la Santé. «Pour l’heure, nous n’avons aucune information précise».
Pour ce qui est de la sensibilisation autour du VIH/sida, il existe bien un programme de sensibilisation. Mais cette initiative n’est pas algérienne, bien qu’elle soit soutenue par le ministère de la Santé. Protège le Goal (Protect the Goal) est une campagne qu’Onusida organise à chaque grande manifestation internationale de football. Elle a pour objectif de «renforcer le plaidoyer et la prévention pour la lutte contre l’épidémie du sida et la réalisation de l’objectif zéro d’ici à 2015». «Protège le goal débutera dans quelques jours en Algérie à travers une campagne de communication et une série d’activités sportives de proximité», note Fatma-Zohra Benyahia, chargée de ce programme auprès du bureau d’Onusida à Alger.
Plusieurs associations sont impliquées dans cette campagne. Une action en direction des supporters est également attendue. «Nous prévoyons de sensibiliser tous les Algériens qui se rendront au Brésil avant leur départ. Une documentation précise sur les dangers du sida et les moyens de s’en protéger sera mise à leur disposition. Ils bénéficieront également d’un accompagnement au Brésil puisque des éducateurs spécialisés feront partie de la délégation».
T. H.
