Absent contre le Barça, forfait pour la réception de Toulouse, Thiago Silva, parfois à fleur de peau lors des grands événements, présente une personnalité énigmatique qui l’expose aux critiques.
Les larmes de Belo Horizonte
Puis il s’isole pour prier, seul et les yeux humides, sans un regard pour ses coéquipiers. Ces mêmes coéquipiers qui lui sauvent la mise, quelques minutes plus tard, en éliminant le Chili (3-2), évitant à Silva de devoir se présenter face à Claudio Bravo. O Monstro éclate en sanglots sur la pelouse, submergé par la tension qui flotte dans les tribunes du Mineirao.
Justement, le rendement de Thiago Silva est-il altéré par ses états d’âme lors des matches à fort enjeu ?
Entre sublimation et fragilités
Un an plus tard, encore contre les Blues et encore en huitième de finale, Thiago Silva est baladé par Diego Costa sur le but du 1-1 à Stamford Bridge, mais le PSG obtient tout de même sa qualification. En quart de finale, il est le meilleur Parisien de la double confrontation face à Manchester City, en dépit de l’élimination du club français. Difficile donc de dire de quel côté le Brésilien fait pencher la balance dans ces matches sous haute pression.
De la même façon, son bilan avec la Seleçao dans les rencontres à enjeu est contrasté : en dehors de sa défaillance face au Chili, il participe activement à la qualification du Brésil pour les demi-finales de la Coupe du Monde 2014 en ouvrant le score face à la Colombie (2-1), avant de concéder bêtement un carton jaune qui le privera du désastre du Mineirão face à l’Allemagne, en demi-finale (1-7). Quelques jours plus tard, lors de la petite finale face aux Pays-Bas (0-3), «O Monstro» condamne son équipe en provoquant, dès la 2e minute, un pénalty flagrant sur Robben, après avoir été débordé par l’attaquant du Bayern.
Sans sensibilité, pas de motivation
À son arrivée dans la capitale russe, le Brésilien tombe vite malade, mais aucun médecin n’arrive à poser de diagnostic. Il passe six mois à l’isolement dans un hôpital de la ville, où il endure un traitement quotidien très lourd avec, pour seuls compagnons, une console de jeu et un ordinateur. «Je n’avais même pas la force de tenir debout. Lors de mon hospitalisation, les médecins ont fini par cibler le mal : j’avais la tuberculose. « À une ou deux semaines près, on ne pouvait plus rien faire pour vous », m’a expliqué l’un d’eux», détaille Thiago Silva dans une interview à la Gazzetta dello Sport, en 2011.
«Tout aurait pu s’écrouler lorsqu’il est tombé malade. C’était terrible, je lui ai rendu visite dans une salle minuscule», racontait sa mère en 2012 à L’Équipe. «Il était devenu tellement maigre, et il avait ce pyjama horrible sur le dos. Cette image ne sortira jamais de ma tête. Les médecins voulaient l’opérer et lui enlever un morceau de poumon ! Heureusement, on a refusé et on l’a rapatrié au Brésil, où il a fini par récupérer. C’est Dieu qui l’a sauvé», conclut-elle.
Et l’intéressé de conclure : «À chaque fois que je joue, je repense à ces moments en Russie.» Et plus le rendez-vous est important, plus le souvenir semble être vivace.