L’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche lance un énième appel à l’institution militaire afin de mettre fin à « la sacro-sainte règle de la cooptation » qui permet d’alterner des hommes et des équipes au sein du pouvoir sans pour autant changer le mode de gouvernance.
« Seule l’institution militaire… »
« Seule l’institution militaire est capable de briser cette règle », a affirmé l’ancien chef du gouvernement, ce samedi 10 octobre, au Forum du quotidien arabophone El Hiwar. Pour Hamrouche « le pouvoir se lègue en Algérie depuis l’Indépendance, seul Houari Boumedienne avait échappé à cette règle ». Une règle qui « a empêché des hommes de réussir et des choix politiques et économiques d’aboutir». Ce statu quo est maintenu, constate Hamrouche malgré le danger qu’il fait peser sur le pays, sur son devenir et sur son unité.
Les frictions « et les luttes » entre les tenants du statu quo qui considèrent que « la survie du système commande le remplacement d’hommes par d’autres constituent une menace inéluctable pour le pays», a mis en garde l’orateur.
Que propose Hamrouche ? L’ancien chef du gouvernement plaide pour un consensus national porté par les dirigeants, les élites et les citoyens. Sans illusion aucune, Hamrouche estime que le feu vert, le premier, doit être donné par le pouvoir. « Cette dynamique est tributaire d’un signal clair de la part de ceux qui contrôlent le pouvoir de décision dans le pays », estime-t-il. À qui s’adresse précisément Hamrouche ? «Mon appel est lancé aux citoyens, à la presse, et à toutes les institutions de l’État et à ceux qui sont à leur tête».
L’armée piégée par la règle de cooptation
Dans son intervention, Mouloud Hamrouche a laissé croire que la sacro-sainte règle de la cooptation a fait du mal à l’institution militaire. «L’armée doit être au service de l’État et de ses institutions et non au service des personnes», affirme-t-il. Avant d’ajouter : « J’entends des parties évoquer la primauté du politique sur le militaire, avec parfois une confusion grave entre le politique et les personnes ». Hamrouche laisse croire que le manque de crédibilité et de légitimité du pouvoir politique et de ses décisions a porté atteinte à l’image de l’armée.
Hamrouche se dit prêt à défendre la prochaine Constitution, si elle vise à casser la règle de la cooptation.
Changements au DRS
Appeler à commenter les changements au sein du DRS, Hamrouche déclare : «II ne faut pas se réjouir du sort des personnes qui sont tombées ni être pessimiste pour ceux qui arrivent ».
L’Algérie se dirige-t-elle vers un État civil ? L’ancien chef du gouvernement souligne que « l’avenir nous le dira » tout en qualifiant d’encourageant la restructuration du DRS ? «Pour cette institution, les changements n’ont pas touché que les personnes, ils ont concerné aussi des aspects liés à son fonctionnement, ce qui est encourageant », note-t-il.
Le système a peu de patrons forts
Dans le chapitre économique Hamrouche met en garde contre la gravité de la crise. « Ce n’est pas une crise conjoncturelle, la menace est réelle nous sommes au bord d’une catastrophe», a-t-il averti.
L’ancien chef du gouvernement dénonce la main mise du pouvoir sur la sphère économique. « Le système a toujours refusé de livrer à la compétitivité l’activité économique, financière et de service », dénonce-t-il.
M. Hamrouche estime que le même système a toujours refusé l’émergence de chefs d’entreprises forts capable de produire ».
Hamrouche est catégorique sur les patrons : « Le système a toujours autorisé à qui il veut avec la manière qu’il souhaite ».
Hamrouche a refusé de commenter les propos de Sid Ahmed Ghozali sur les colonnes du journal Echourouk. « Je ne ferai aucun commentaire », a-t-il dit.