Une session dont le bilan laisse à désirer. Les locataires de l’APN et du Sénat partent en congé sans avoir examiné ni le bilan du gouvernement ni le projet de loi portant révision constitutionnelle. Ils quittent ainsi l’hémicycle pour deux mois sans avoir usé de leurs prérogatives pour demander des comptes au gouvernement.
Ces «élus du peuple», quand ils ne se distinguent pas par leur absence de l’hémicycle, ne sont le plus souvent intéressés que par leur confort et leurs privilèges. L’opinion retiendra qu’ils ont revendiqué, haut et fort, un passeport diplomatique, qui leur faciliterait les déplacements, et aussi une augmentation de leurs primes. A quoi sert donc une Assemblée qui n’a jamais contrarié l’Exécutif ? Quelle est l’utilité d’une Assemblée qui a rarement fait des propositions de loi ? Mieux encore, l’Exécutif réussit à chaque fois à prendre le dessus sur cette institution, qualifiée de «boîte aux lettres». Preuve en est que tous les textes de loi, même ceux controversés, ont été approuvés par les députés. Les demandes de commission d’enquête essuient systématiquement des fins de non-recevoir par le bureau de l’APN. Le comble est que les responsables de cette institution ne prennent même pas la peine de signifier aux auteurs desdites propositions leur décision, leur laissant juste la liberté de dénoncer ces pratiques à travers les médias.
De l’avis de certains députés, ce mépris affiché par les responsables de cette institution est justifié : «Comment peut-on respecter une Assemblée dont la plupart de ses députés sont élus grâce à l’argent sale, au népotisme et au trafic d’influence ?» Les députés eux-mêmes trouvent que le niveau intellectuel et la culture politique de certains de leurs pairs sont loin de la norme. Un cadre de cette institution reconnaît la régression du niveau des élus en comparaison avec les précédentes législatures : «Il nous arrive parfois d’assister les députés dans leurs missions, notamment dans la rédaction de leurs interventions. Certains, non seulement, ils n’ont pas de niveau intellectuel, mais n’ont rien à voir avec le militantisme ni la politique !» Et de regretter, en outre, l’absence de volonté d’apprendre chez ces élus.
Par contre, ces députés ont brillé, comme d’habitude, par leur absentéisme ; les travées de l’APN étaient souvent quasiment vides. L’exemple le plus édifiant a été lors de la présentation par Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, de son rapport annuel sur l’état des finances du pays. Des députés lui avaient alors posé des questions. Le lendemain, M. Laksaci est venu apporter des réponses, mais à sa grande surprise, il n’y avait pas de députés ! La séance avait d’ailleurs failli être annulée. Le secrétariat d’Ould Khelifa, mis dans la gêne, s’est démené pour ramener les députés disponibles et éviter ainsi un scandale…
On dit que certains députés n’ont jamais mis les pieds à l’Assemblée, à l’exception du jour de l’ouverture et probablement aujourd’hui, à la clôture de cette session. Le phénomène de l’absentéisme s’est toujours posé à l’APN. Pour remédier à cette situation, il faudrait réviser le règlement intérieur de cette institution. Des promesses ont été faites dans ce sens, mais n’ont pas été concrétisées.