Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a plaidé, hier à Bruxelles, pour le renforcement du «dialogue et de la concertation» entre l’Algérie et l’Union européenne (UE), en vue de «densifier» les relations bilatérales dans «l’intérêt mutuel et l’équilibre des intérêts». «J’aimerais souligner, par ailleurs, que le dialogue et la concertation restent le meilleur moyen de rapprocher nos positions et points de vue, pour les centrer sur les fondamentaux de notre relation globale, la densifier davantage dans l’intérêt mutuel et l’équilibre des intérêts, et faire face aux défis communs de sécurité et de développement qui se posent à nous», a-t-il déclaré, dans une allocution prononcée, à l’ouverture de la 11e session du Conseil d’association Algérie – UE.
Pour le chef de la diplomatie algérienne, cette approche est «valable» aussi pour les questions commerciales ainsi que pour «les préoccupations soulevées» par l’UE concernant ses parts de marché en Algérie suite aux «mesures de rationalisation des importations» prises par le gouvernement algérien dans «un contexte bien particulier». M. Messahel s’est dit, à ce titre, «profondément convaincu» que les discussions engagées par les deux parties sur ce dossier permettront d’arriver à «des solutions pragmatiques et acceptables qui prennent en ligne de compte les intérêts légitimes de chaque partie».
Des actions de coopération concrètes et visibles
Le ministre s’est réjoui des «nouveaux progrès» enregistrés dans le cadre de la coopération sectorielle entre l’Algérie et l’UE grâce à «l’engagement des deux parties et à l’intérêt qu’elle suscite chez les bénéficiaires». «Les avancées significatives enregistrées dans les domaines de la coopération énergétique et de l’innovation sont également à encourager pour qu’elles se traduisent en actions de coopération concrètes et visibles», a-t-il ajouté. Le premier responsable de la diplomatie algérienne s’est dit également «satisfait» du dialogue politique et sécuritaire entre l’Algérie et l’UE, en cours de structuration et d’approfondissement. «J’ai eu le plaisir l’année dernière de lancer ici même à Bruxelles, avec Vous-même, la première session de notre Dialogue de Haut niveau sur la coopération dans les domaines de la sécurité régionale et le contre-terrorisme. Il s’agit là d’une illustration parfaite du haut degré de confiance qui caractérise désormais les rapports entre l’Algérie et l’UE», a-t-il indiqué. Le ministre s’est dit également «intimement convaincu» que les échanges de vues sur les développements internes respectifs ainsi que sur les mutations récentes dans la région «seront riches et utiles» et qu’ils permettront, aux deux parties, «d’aller de l’avant dans la voie de l’approfondissement du dialogue politique de Haut niveau et du Partenariat» Algérie-UE. M. Messahel a estimé que la 11e session du Conseil d’association Algérie-UE «revêt une importance particulière» sur le plan statutaire, mais également par rapport au contexte actuel pour «redoubler d’efforts et d’imagination en vue de renforcer davantage le partenariat Algérie-UE dans différents domaines». Il a rappelé, par ailleurs, que l’exercice d’évaluation conjointe de la mise en œuvre de l’Accord d’association a été conduit «avec succès» et a «abouti à des conclusions opérationnelles» que l’Algérie et l’UE doivent mettre en pratique ensemble.
Les travaux de la 11e session du Conseil d’association Algérie-UE ont été co-présidés par le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. La nouvelle session de la plus haute instance de concertation et de dialogue politique entre l’Algérie et l’UE a été consacrée à l’examen de la mise en œuvre des priorités du partenariat bilatéral adoptées lors de la précédente session de ce Conseil. Ces priorités de partenariat établissent un cadre de coopération politique renouvelée et une coopération renforcée. Elles ont été définies d’un commun accord dans le cadre de la Politique européenne de voisinage révisée et de la stratégie globale de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité. Les deux parties ont examiné également l’état et les perspectives des relations de coopération et de partenariat entre l’Algérie et l’UE ainsi que les moyens de les renforcer davantage dans les différents volets couverts par l’Accord d’association.
Un dialogue « franc et ouvert »
Le ministre a souligné la nécessité de renforcer le dialogue «franc et ouvert» entre l’Algérie et l’UE dans un cadre de «partenariat global», réitérant son invitation pour la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmstrom, à visiter l’Algérie. «Je suis heureux de réitérer l’invitation qui a été adressée à la commissaire Malmstrom de visiter mon pays, mais également pour que ce dialogue franc et ouvert continue dans un cadre de partenariat global», a-t-il déclaré lors d’un point de presse commun avec la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à l’issue du 11e Conseil d’association Algérie-UE. M. Messahel a assuré que la rencontre a été l’occasion d’expliquer au partenaire européen le contexte ayant contraint le gouvernement algérien à prendre une série de «mesures provisoires» pour réduire ses importations. Le ministre s’est dit, à ce titre, «convaincu» que cet effort de dialogue «aboutira à une meilleure compréhension et prise en charge des préoccupations» des deux parties. Evoquant les questions internationales et régionales d’intérêt commun, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que l’Algérie et l’UE «partagent les mêmes préoccupations et les mêmes objectifs» dans la région: œuvrer pour rétablir la paix et la stabilité dans la région et accompagner les acteurs des processus de paix au Mali et en Libye à «concrétiser les objectifs qu’ils se sont fixés». Le chef de la diplomatie algérienne a estimé, à ce propos, que l’Algérie et l’UE doivent poursuivre leur coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le phénomène de la radicalisation. M. Messahel a annoncé, à ce titre, la tenue à Alger en octobre prochain de la deuxième session du dialogue informel de haut niveau en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme entre l’UE et l’Algérie. Cette deuxième session sera précédée, en juillet, par une réunion au niveau des experts algériens et européens. Réitérant l’attachement de l’Algérie à la coopération énergétique avec l’UE, le ministre a annoncé également la tenue, en novembre prochain, à Alger de la troisième session du comité sur l’énergie en vue de dynamiser le dialogue de haut niveau en la matière. «La volonté existe de part et d’autre. Cette dynamique qui n’a jamais cessé va s’accélérer et nous allons faire en sorte que ce partenariat stratégique, que nous voulons tous, soit bien compris de part et d’autre et bénéfique pour les deux parties», a-t-il conclu.
Dynamiser le partenariat
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, s’est félicitée, de son côté, des «avancées» enregistrées dans «presque tous les domaines» du partenariat Algérie-UE, relevant une «volonté commune» d’approfondir encore cette coopération. «Au cours de l’année dernière, nos échanges et notre dialogue se sont intensifiés, tant sur les questions bilatérales que régionales. Notre partenariat progresse et se consolide, dans un esprit d’ouverture et de franchise qui caractérise les relations entre amis, donc aussi entre l’Union européenne et l’Algérie», a-t-elle affirmé.
Selon Mogherini, l’UE reste «engagée» à accompagner les réformes politiques et économiques entreprises par les autorités algériennes. «Nous avons discuté aujourd’hui de la façon la plus efficace possible dont nous pouvons y parvenir, pour les deux parties», a-t-elle indiqué. Elle a précisé, à ce titre, que la réforme du système de gouvernance politique en Algérie «reste au cœur» du partenariat et bénéficie de l’appui de l’UE pour sa mise en œuvre, en particulier dans les domaines de la justice et de la démocratie participative. La première responsable de la diplomatie européenne a réaffirmé la volonté de l’UE à ce que «les mesures de régulation des échanges commerciaux soient prises dans le respect de l’Accord d’association». Elle a fait savoir, à ce titre, que l’Algérie et l’UE ont convenu de finaliser leurs discussions à ce propos «dans les meilleurs délais et si possible, avant la fin de l’année». Mogherini a affirmé, en outre, qu’elle «apprécie particulièrement le rôle de l’Algérie et du ministre (Abdelkader Messahel) personnellement sur ces dossiers (Mali et Libye)». Mogherini s’est félicitée également du dialogue stratégique de haut niveau lancé au mois d’octobre dernier, dans les domaines de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme et de la radicalisation. «Les défis sécuritaires ne connaissent pas de frontières et nous sommes décidés à les affronter dans un esprit de coopération, pour le bénéfice de nos citoyens. Nous avons des expériences et des informations à partager, et beaucoup de travail à faire ensemble», a-t-elle estimé. Elle a soutenu, à ce titre, que l’Algérie et l’Europe partagent le même objectif de «renforcer la stabilité dans la région, qui est une région partagée, celle de la Méditerranée».
Entre 108 et 132 millions d’euros pour l’appui financier
Par ailleurs, l’Algérie et l’Union européenne (UE) ont adopté un nouveau programme de coopération financière, intitulé «Cadre unique d’appui» (CUA) qui définit, pour les deux prochaines années, les priorités de la coopération technique et financière bilatérale au titre de l’Instrument européen de voisinage (IEV). Ce cadre, adopté à l’occasion de la 11e session du Conseil d’association Algérie-UE, sera doté d’une enveloppe comprise entre 108 et 132 millions d’euros et pourra être adaptée en fonction des développements, selon l’UE. «Parmi ces priorités figure le soutien aux réformes visant à diversifier le modèle économique algérien. De manière concrète, nous envisageons des actions en appui à l’amélioration du climat des affaires et du cadre dans lequel opèrent les petites et moyennes entreprises», a expliqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lors d’un point de presse commun avec le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, à l’issue du 11e Conseil d’association Algérie-UE. Selon Mogherini, l’UE compte aussi soutenir la production des produits agricoles de qualité, le développement local et les énergies renouvelables «dans le contexte d’un dialogue sur l’énergie qui est très important pour les deux parties», ainsi que les liens entre la recherche scientifique et l’innovation économique. Les axes prioritaires d’intervention du CUA portent sur l’appui à la gouvernance, la diversification et la compétitivité de l’économie, le développement local inclusif et durable et la démocratie participative et l’énergie, l’environnement et l’action climatique.
Il est également prévu de poursuivre le renforcement des capacités institutionnelles et de la société civile, avec une attention particulière accordée à la jeunesse. Des données publiées par le Service européen de l’action extérieure (SEAE) montrent que le précédent CUA 2014-2017 financé à hauteur de 111,3 millions euros au titre de l’Instrument européen de voisinage (IEV), aura permis d’appuyer les secteurs de la justice et de la participation citoyenne à la vie publique, de la réforme du marché du travail et la création d’emploi, ainsi que le soutien à la diversification économique. L’Algérie et l’UE ont signé également lors du Conseil d’association, une convention de financement du Programme d’appui au secteur de l’agriculture, y compris dans la gestion de l’eau, l’agro-industrie et la pollution agricole (PASA). Ce programme intersectoriel vient renforcer certaines filières stratégiques pour la sécurité alimentaire en Algérie et celles ayant un potentiel réel à l’exportation, a expliqué l’UE. La haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité a estimé, pour sa part, que cette convention contribuera à l’amélioration de la gestion de l’eau, au soutien de l’agro-industrie et à la lutte contre la pollution agricole.
«Notre coopération, notre partenariat sont donc extrêmement concrets», a-t-elle fait remarquer. L’Algérie et l’UE ont tenu lundi à Bruxelles la 11e session de leur Conseil d’association. La nouvelle session de la plus haute instance de concertation et de dialogue politique entre l’Algérie et l’UE, co-présidée par le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, a été consacrée à l’examen de la mise en œuvre des priorités du partenariat bilatéral adoptées lors de la précédente session de ce Conseil. Ces priorités de partenariat établissent un cadre de coopération politique renouvelée et une coopération renforcée. Elles ont été définies d’un commun accord dans le cadre de la Politique européenne de voisinage révisée et de la stratégie globale de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité. Les priorités de partenariat dans le cadre des relations UE-Algérie jusqu’en 2020 portent sur le dialogue politique, la gouvernance, l’Etat de droit et la promotion des droits fondamentaux, la coopération, le développement socio-économique et les échanges commerciaux, les questions énergétiques, l’environnement et le développement durable, le dialogue stratégique et sécuritaire, la dimension humaine, y compris le dialogue culturel et inter-religieux, la migration et la mobilité. Au cours de cette session, les deux parties ont examiné également l’état et les perspectives des relations de coopération et de partenariat entre l’Algérie et l’UE ainsi que les moyens de les renforcer davantage dans les différents volets couverts par l’Accord d’association.