Le ministre de l’Intérieur a déclaré, hier à Alger, que le défi de la transition énergétique dans les collectivités locales, thème de la conférence, vise, d’une part, à mettre en place une stratégie efficace sur la rationalisation dans l’utilisation de l’énergie et, de l’autre, à se diriger graduellement vers le développement des énergies renouvelables au niveau local. Précisant que l’Algérie se trouve face à un tournant décisif, celui de passer d’une économie dépendante des hydrocarbures à un modèle diversifié, Noureddine Bedoui met l’accent sur l’importance des énergies renouvelables.
A ce sujet, il dira que l’énergie doit être disponible d’une façon continue et à des prix concurrentiels qui servent les objectifs du développement durable et local.
Enchaînant, M. Bedoui rappelle que la nouvelle Constitution est intervenue pour consacrer le rôle de l’Etat dans l’utilisation rationnelle des ressources naturelles, notamment les sources de production d’énergie et sa préservation au profit des générations futures dans le cadre d’une démarche de développement durable basé sur la valorisation des capacités naturelles, humaines et scientifiques pour sortir du cercle de la dépendance de la rente pétrolière et pour la transition vers de nouvelles alternatives économiques et technologiques.
Il précise que les ENR peuvent substantiellement réduire la consommation gazière et pétrolière nationale, soulignant que c’est à juste titre que le Président Bouteflika les a érigées en une priorité nationale. En effet, le chef de l’Etat a donné des directives pour la poursuite et la dynamisation de ce programme adopté par le Conseil des ministres en mai 2015, soulignant que ce programme doit être considéré comme une priorité nationale.
«Le développement des énergies renouvelables est à même de prolonger durablement l’indépendance énergétique de notre pays et de générer aussi une dynamique de développement économique dans son sillage», affirmait-il.
Le programme national actualisé de développement des énergies renouvelables qui avait été adopté lors du Conseil des ministres du 24 mai 2015, prévoit une production d’ici à 2030 de 22.000 MW d’électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 MW supplémentaires à exporter. Ce qui correspond à 27% de la production globale d’électricité d’ici 2030 et le double de la capacité actuelle du parc national de production d’électricité.
Dans le même sillage, M. Bedoui a précisé que son département veille à ce que les collectivités locales soient un acteur incontournable dans la généralisation de la transition énergétique. S’agissant des wilayas et wilayas déléguées du Sud, le ministre dira que le défi des ENR n’est pas un choix, mais une exigence, compte tenu du potentiel solaire dont elles disposent.
20,9 milliards DA de facture d’électricité supportée par les budgets locaux
Ainsi, ajoute M. Bedoui, les collectivités locales sont appelées à développer des projets «amis de l’environnement» pour toutes leurs structures, à travers la généralisation de l’utilisation de l’énergie solaire, l’acquisition d’équipements à faible consommation d’énergie et l’adoption de comportements de nature à réduire la consommation, notamment en matière d’éclairage public, établissements administratifs, écoles, mosquées ainsi qu’au niveau des structures publiques situées dans les zones enclavées, les régions agricoles et les espaces d’activités. L’objectif d’un nouveau mode de consommation de l’énergie au niveau des collectivités locales s’articule autour d’une consommation rationnelle de l’énergie, ainsi que l’utilisation de toutes les alternatives susceptibles à réduire les coûts. «La facture globale d’électricité supportée par les budgets locaux est estimée à 20,9 milliards DA, ce qui représente 2 à 5% du budget de fonctionnement de la commune», précise M. Bedoui. Aussi, il y a lieu de préciser que 70% de la consommation énergétique dans le patrimoine des collectivités locales est destiné à l’éclairage public. Le diagnostic du réseau national de l’éclairage public fait ressortir, lui, que seulement 0,42% du nombre des points lumineux existant dans le parc
d’éclairage public sont des points photovoltaïques.
« Chaque commune doit disposer d’un plan de travail local pour promouvoir les ENR. »
Une telle situation ne peut durer. Le ministère de tutelle a lancé un programme, dont l’entrée en vigueur est prévue au début du second semestre de l’année en cours, qui participe à la réduction des niveaux de consommation, la préservation de l’environnement et encouragera la naissance de nouvelles entreprises économiques dans ce domaine. Il est également question, pour la rentrée scolaire 2018-2019, de mettre en place des projets référentiels en termes d’ENR à travers 48 écoles primaires, avant que l’opération ne soit progressivement généralisée. En définitive, M. Bedoui a instruit, d’une part, toutes les communes de disposer d’un plan de travail local pour promouvoir les ENR et réussir l’efficacité énergétique. D’autre part, il recommande un budget spécial aux projets liés à ce domaine et l’installation des équipes pour superviser leur concrétisation. Par ailleurs, il appelle à un meilleur travail de vulgarisation de ce nouveau modèle de consommation énergétique.
De la transition et de la sécurité énergétiques
De son côté, Fatma-Zohra Zerouati, ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, dira de prime abord que la sécurité énergétique passe inéluctablement par une transition énergétique, précisant que le monde entier se trouve aujourd’hui face à un seul choix : utilisation des ENR. Et relève la nécessité d’encourager les investisseurs dans ce domaine. Saluant la décision prise par le chef de l’Etat de créer un département dédié aux ENR, Mme Zerouati met l’accent sur le rôle de ces énergies, outre la réduction des coûts, dans la protection de l’environnement. Son département, annonce-t-elle, est en train de préparer les textes réglementaires pour l’utilisation de ce type d’énergie, ainsi que des projets de loi liés à l’économie verte. Dans le même sillage, le ministre de l’Energie, dans un message lu en son nom par la secrétaire générale au ministère, a souligné que la transition énergétique n’est pas l’apanage de son département. M. Guitouni, qui rappelle l’importance de l’efficacité énergétique, souligne que l’objectif est de réduire l’utilisation de diesel. Parmi les objectifs du programme national de maîtrise de l’énergie, figure la conversion du parc automobile au GPL de 500 000 véhicules par an avant fin 2021. Pour 2018, est prévue une conversion de 100 000 unités. Dans son message, le ministre préconise un travail en synergie entre les différents départements pour permettre au train de l’efficacité énergétique d’arriver à bon port. D’autre part, il affirme, chiffres à l’appui, que la consommation de l’énergie électrique en hausse permanente au niveau des communes, représente 8% de la consommation nationale. D’où la nécessité de se diriger vers une utilisation efficace et moins coûteuse. Le défi est aujourd’hui, conclut M. Guitouni, de faire participer les collectivités locales dans la dynamique de développement économique, avec l’adoption de programmes qui intègrent l’efficacité énergétique et les ENR comme un outil de développement.