Haris Belkebla, écarté de la sélection algérienne suite à un «comportement inapproprié», va rater la CAN en Egypte. En exclusivité pour France Football, il revient sur cet épisode douloureux.
Ca va un peu mieux. Depuis que je suis rentré, ca m’a fait du bien de voir ma famille, et d’échanger avec mon entourage.
Un sentiment de cauchemar éveillé ?
Il y a évidemment une vraie déception vis-à-vis de moi-même. Cette CAN, je vais la rater. C’est un peu un cauchemar. Cela aurait pu être un super tremplin. Mais au fond, le plus dur, c’est que j’ai déçu ma famille, et les gens qui étaient heureux de me voir en Egypte avec l’Algérie. Et puis aussi d’avoir déçu le peuple algérien par ce comportement inapproprié.
«Cette CAN, je vais la rater. C’est un peu un cauchemar»
C’est un tout. Oui, tout le monde était fier de moi. C’est terrible de les décevoir. Et à côté de cela, on a aussi le sentiment d’un peu salir son nom de famille. Le regard des siens, c’est important. Donc c’est une accumulation, il y a une déception sportive et familiale. Je suis dans une période difficile. Il faut être fort.
Racontez-nous ce qu’il s’est passé ?
Comme on a pu le voir sur les vidéos qui ont circulé : mon gardien était en train de jouer à son jeu en réseau. Il ne m’a pas prévenu qu’il était en train de faire un direct. J’ai fait les erreurs qu’on a pu voir.
J’ai fait une erreur. Quand on porte le maillot algérien, les choses ont une portée bien différente, bien plus forte. On représente des millions de personnes. Il y a un comportement inapproprié de ma part. Cet écart, dans un autre contexte, serait peut-être passé inaperçu. Là, c’est une nation et son image, c’est donc compréhensible que je sois sanctionné.
Comment avez-vous appris que ces images étaient en train de faire le buzz sur les réseaux sociaux ?
J’ai compris cela à la fin du match amical entre l’Algérie et le Burundi. Dans la douche, j’ai un coéquipier qui est venu me voir pour m’expliquer qu’il y avait un gros problème autour de moi. Je ne comprenais pas parce que jusqu’à là, tout se passait remarquablement bien en sélection. Il m’a ensuite expliqué la situation dans le bus. Et là, en allumant mon portable, j’ai pris conscience de la situation. Cela a été un déferlement…
Comment avez-vous réagi ?
Tout de suite, j’ai voulu aller voir le coach Djamel Belmadi pour m’excuser. Mais les cadres de l’équipe (Mahrez, Brahimi, M’Bolhi, Guedioura, Feghouli) m’ont conseillé d’attendre car à chaud, ce n’est jamais le meilleur moment. Ils sont allés voir le sélectionneur pour essayer d’arranger les choses. Mais, en vain…
Il m’a dit que sur le coup, il était super fâché. Après, il m’a dit qu’on était tous humains, et qu’on faisait des erreurs. Il m’a expliqué qu’il ne pouvait pas me conserver au sein du groupe avec ce qu’il venait de se passer.
Quelle a été la réaction des autres Fennecs ?
Ils m’ont dit qu’ils avaient essayé mais… J’ai reçu beaucoup de soutien de la part de mes coéquipiers. Ils m’ont dit qu’ils seraient là pour moi du début jusqu’à la fin. Ils m’ont dit de faire face, et de garder la tête haute. Logiquement, ils m’ont dit que ça allait être un peu compliqué les prochains jours. Ce réconfort m’a touché. Et là, depuis que je suis en France, je suis avec eux au téléphone. Ce sont des bons gars.
Espérez-vous revenir en sélection algérienne ?
Je vais tout faire sur le terrain pour prouver que je le mérite, et reconquérir le coeur des Algériens. Ce qu’il s’est passé, cela restera gravé à vie. Mais voilà, il faut que je me concentre sur mes objectifs. J’ai envie de montrer aux gens que j’ai fait une erreur mais que j’ai toujours été fort dans ma tête depuis que je suis enfant. J’ai présenté mes excuses, j’espère que le peuple algérien va comprendre ma déception, et accepter mes regrets.
Cela passe par des bonnes performances avec Brest en L1 ?
Oui, je vais faire ce que j’ai toujours fait. Comme toujours au service du collectif, je vais bosser en silence, dans l’ombre, et je vais tout donner.
Après cette séquence difficile, que peut-on vous souhaiter ?
Une belle saison avec Brest, un retour en sélection, et puis j’espère que tout va s’arranger avec ma famille…»