Parmi les belles révélations de Premier League la saison dernière, Riyad Mahrez (24 ans), est déterminé à porter encore un peu plus haut Leicester City dans un Championnat qu’il considère comme la «NBA du football».
«C’est Claudio Ranieri en personne qui a utilisé le compte Twitter de Leicester City pour annoncer votre prolongation de contrat jusqu’en 2019, et exprimer sa satisfaction de vous voir continuer avec les Foxes. Ce geste vous a-t-il touché ?
Ça m’a fait plaisir. Je sais que le coach m’apprécie et qu’on a une bonne relation de travail depuis son arrivée au club. Il communique avec moi parfois en français. Tactiquement, on sent déjà sa patte.
La saison dernière, vous étiez souvent sur le côté droit du 4-4-2 de Nigel Pearson pour repiquer avec votre pied gauche. Savez-vous comment Ranieri compte vous utiliser ?
L’année dernière, on a évolué en 4-4-2 pendant un bon moment avant de passer en 3-4-3. En fin d’année, j’ai joué derrière les deux attaquants, et cela me plaisait bien. Pour l’instant, on a fait des matches amicaux dans ces deux schémas et je ne sais pas vraiment ce qui va être retenu pour le match contre Sunderland. Dans le 4-4-2, j’ai joué à droite ou à gauche. Je me sens bien dans les deux systèmes, évidemment en tant que numéro 10 vous jouissez toujours d’un peu plus de liberté…
«Mon objectif c’est clairement de doubler mes stats»
Cet été, vous étiez notamment courtisé par Villarreal, vous venez de prolonger pour deux saisons supplémentaires. C’était une évidence…
Oui, j’en ai discuté avec Kamel Bengougam, mon représentant, et cela paraissait clairement le meilleur choix. Je savais également que la Roma était intéressée l’hiver dernier. Je crois dans la stabilité pour continuer ma progression. Il me restait deux ans de contrat, les dirigeants sont venus me voir en mars pour entamer des négociations afin de prolonger avec Leicester. On a discuté et on a trouvé un accord.
Leicester a réussi une très bonne fin de Championnat et s’est maintenu pour sa première saison dans l’élite. Avec Claudio Ranieri, que peuvent espérer les Foxes ?
L’année dernière, je pensais qu’on allait faire mieux. Il faut reconnaître qu’on a réussi à se maintenir, et en-soi c’est une réelle satisfaction. Maintenant pour un promu, avoir fini 14e, c’est bien, mais sur la physionomie de certains matches et avec plus de réussite, je pense qu’on aurait pu tutoyer le top 10. Cette fois, si on reste sur notre lancée de la fin de saison dernière, on peut espérer mieux.
Vos statistiques (4 buts et 3 passes décisives en 32 matches) ne sont peut-être pas à la hauteur de votre activité sur le terrain, que faut-il faire pour franchir un cap à ce niveau-là ?
Je crois que j’ai manqué de réussite notamment dans mes passes décisives, je dois mieux faire. Au niveau des buts, j’aurais dû en mettre bien trois ou quatre de plus. Là, je me sens plus mature dans mon jeu. Mon objectif c’est clairement de doubler mes stats !
Ngolo Kante vient de s’engager à Leicester en provenance de Caen. L’avez-vous pris sous votre aile ?
Je le connaissais depuis le Havre, je l’avais croisé en Ligue 2. Mais je l’ai surtout vu la saison dernière en L1, et évidemment, c’est un bon joueur. Pour Leicester, c’est une bonne pioche car on n’a pas ce profil dans notre effectif. Comme on m’a aidé à mon arrivée, j’essaye de l’accompagner pour qu’il s’adapte au mieux.
Quelle équipe voyez-vous remporter la Premier League ?
Cela va vraiment «se taper» entre les quatre gros que sont Manchester United et City, Arsenal et Chelsea. United, je les sens bien costauds cette année. Après, il y a Chelsea mais je pense que gagner deux saisons consécutivement une telle ligue, c’est très compliqué.
«Je ne suis pas plus fort que Di Maria»
L’Angleterre a massivement recruté en Ligue 1 et a démontré une puissance financière hors norme. Comment l’analysez-vous ?
Il y a dix mondes d’écart avec la France. C’est juste impressionnant. Ça ressemble un peu à la NBA dans le basket. Les clubs anglais achètent les joueurs qu’ils souhaitent. Il n’y a qu’à entendre les bruits qui courent dans la presse sur le fait que Manchester United soit capable de mettre 100 millions d’euros pour rapatrier Gareth Bale du Real Madrid. Ici, je suis heureux, je me dis que j’ai fait le bon choix. Après, au départ, je ne m’attendais pas à cela. Je ne voulais pas venir en Angleterre. Avec du recul, je me demande encore comment j’ai pu penser ça…
Les comparaisons sont un peu lourdes pour les footballeurs, mais lors de votre passage au Havre, on vous avait affublé du surnom de Di Maria. Il est désormais en L1, et vous en Angleterre…
(Rire) J’ai eu le droit à tout : Di Maria, Ben Arfa, etc. Dès qu’il y avait un gaucher fin et technique, c’était parti pour les comparaisons. Après, l’arrivée de Di Maria au PSG, c’est une bonne chose. C’est un grand joueur, il a prouvé au Real, un peu moins à United car il avait moins de temps de jeu. Il a peut-être eu du mal à s’adapter au Championnat anglais. Cela dépend des joueurs. Pour ma part, je me suis intégré rapidement, et pourtant, je ne suis pas plus fort que Di Maria.»
Nabil Djellit