Le diabète est doublement délicat chez la femme, car cette dernière connaît plusieurs étapes dans sa vie: pré-grossesse, grossesse, l’après-grossesse et la ménopause.
La prise en charge du diabète n’est pas parfaite en Algérie. De nombreuses lacunes sont encore à combler. C’est l’aveu qu’ont fait hier à l’unanimité les invités du Forum d’El Moudjahid à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du diabète correspondant au 14 novembre de chaque année. Centrant leurs interventions sur «la femme et le diabète», slogan choisi cette année par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les intervenants se sont accordés à dire que le diabète chez la femme est très particulier. Il est particulier et délicat, a fait savoir le docteur Djamila Nadir, directrice divisionnaire, chargée des maladies transmissibles au ministère de la Santé, car la femme passe par plusieurs étapes dans sa vie. La période de pré-grossesse, la grossesse, l’après-grossesse et celle de la ménopause. Les risques de contracter le diabète par la femme augmentent chez cette dernière, a ajouté la représentante du ministère de la Santé, car la plupart des femmes ignorent les méthodes de prévention. Les risques sont d’autant plus importants, a indiqué en outre le docteur Djamila Nadir, car jusque-là les praticiens de la santé ne sont pas très informés sur la détection précoce du diabète chez la femme. Cette tare dont le ministère de la Santé est au courant, a poussé ce dernier à élaborer un guide pour les praticiens de la santé. Ce guide, dont l’élaboration est terminée, a été confectionné, précise la conférencière par des spécialistes algériens multidisciplinaires. Ledit guide sera remis et distribué aux médecins durant le premier trimestre de l’année 2018. Répondant en outre à la question portant sur les femmes les plus exposées au diabète, le docteur Nadir a indiqué qu’il n’y a pas vraiment une catégorie donnée. Néanmoins, certains facteurs, tels que l’obésité, l’âge avancé, l’hérédité favorisent l’apparition du diabète. Sur le type le plus difficile à détecter chez la femme, la conférencière a affirmé que c’est le diabète du type 2. Regrettant, sur un autre plan, l’absence pour l’heure des statistiques fiables quant au nombre de diabétiques en Algérie, la représentante du ministère a plaidé une démarche plurisectorielle pour la prévention du diabète. Selon elle, le diabète est très répandu en Algérie, car il n’y a pas jusque-là une symbiose entre les secteurs.
Le ministère du Commerce par exemple ne contrôle pas très bien le taux du sucre dans plusieurs produits. Le café qui se commercialise en Algérie contient beaucoup de sucre, de même pour les jus et le pain. Intervenant de son côté, le docteur Abdelhafid Habitouche, diabétologue, a précisé que le diabète ne touche pas plus de femmes que d’hommes. Cependant, le diabète chez la femme est plus dangereux, car en période de grossesse il peut se transmettre au bébé. Rejoignant la représentante du ministère de la Santé, le docteur Habitouche a affirmé que la plupart des femmes ignorent comment prévenir le diabète. Cette ignorance a fait que beaucoup de femmes ne vont chez le médecin pour dépistage que tardivement, soit tout juste avant la grossesse. «Or la meilleure façon pour prévenir cette maladie est le dépistage en permanence et ce, dès l’âge de l’adolescence.» Pour le conférencier, la détection du diabète diffère de la femme à l’homme. «Si chez l’homme ce n’est que lorsque le sucre dépasse 1,20 gramme qu’il faut s’inquiéter, chez la femme, il faut commencer à s’inquiéter dès que le taux du sucre atteint 0, 92 gramme», a-t-il fait remarquer.
Le dépistage précoce est davantage recommandé pour la femme enceinte, ajoutera le diabétologue, car le risque de causer le décès du foetus est très grand. Et d’affirmer: «Il m’est arrivé de recevoir des patientes qui ont fait, faute de dépistage à temps, plusieurs fausses couches.» Cédant la parole au président de l’Association des diabétiques de la wilaya d’Alger, Fayçal Ouhadda, celui-ci, a après avoir souligné que le meilleur moyen de lutte contre cette maladie est la prévention, tenu à dénoncer le manque de sensibilisation quant à cette maladie. Selon lui, les femmes comme les hommes ignorent le diabète et les facteurs le favorisant. Afin de lutter efficacement contre cette maladie, Ouhadda a invité les médias à s’impliquer dans les opérations de sensibilisation.
«Les médias doivent dénoncer les spots publicitaires incitant à la consommation du sucre, diffusés en boucle sur les chaînes de télévision et à des heures de fort audimat.»