Le ministre des Affaire étrangères, Abdelkader Messahel, représentant du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au sommet sur le climat, qui se tient à Paris, a fait part hier, des engagements de l’Algérie pour lutter contre les changements climatiques.
Les engagements de l’Algérie, a-t-il dit dans une déclaration à l’APS et à la Télévision algérienne, visent à «atteindre les objectifs de l’Accord de Paris» et à «réduire ses émissions de gaz à hauteur de 7 % avec ses propres moyens», en dépit de la conjoncture économique actuelle. Dans le cas où elle «obtenait un soutien financier, technique et technologique de la part des pays développés, conformément aux dispositions de l’Accord de Paris», a-t-il tenu à souligner, l’Algérie pourrait atteindre une réduction de ses émissions de gaz de l’ordre de 22 %. Le ministre a indiqué que les actions et les engagements de l’Algérie, dans ce sens, portent notamment sur le lancement d’un programme national de développement des énergies renouvelables «visant à couvrir près de 27 % de la production nationale d’énergie électrique à l’horizon 2030 et à réduire de 9 % de la consommation d’énergie». Il a ajouté, dans ce cadre, que des actions pour l’amélioration de l’efficacité énergétique touchent les secteurs du bâtiment, notamment pour l’isolation thermique des logements neufs construits dans le cadre du vaste programme national, et des transports par la conversion d’un million de véhicules et de 20.000 bus en GPL. Les actions et engagements de l’Algérie concernent également la réhabilitation du barrage vert qui représente, a-t-il souligné, «une expérience unique en matière de désertification et de développement des zones steppiques», évoquant le programme national de boisement et de reboisement de 1.245.000 hectares. Le représentant du chef de l’Etat à «One Planet Summit», qui regroupe 26 chefs d’Etat, 33 chefs de gouvernement, 39 ministres, plusieurs personnalités et 7 organisations internationales, a rappelé la réalisation, depuis l’an 2000, d’un programme «ambitieux» de construction de plus de 75 barrages et de rationalisation de l’utilisation de ressources hydriques pour «faire face au stress hydrique», indiquant que «quatre autres barrages seront réceptionnés d’ici à fin janvier 2018», portant ainsi la capacité de stockage à 9 milliards de mètres cubes. Il a précisé, à ce sujet, que l’Algérie dispose de 221 petits barrages pour une capacité de 281 millions de mètres cubes. Dans le secteur de la gestion des déchets, il a fait état de l’élaboration par l’Algérie d’une stratégie, d’ici à 2035, qui vise à «mettre en place une industrie de récupération et de valorisation des déchets à travers le développement d’un réseau de petites et moyennes entreprises». Co-organisé avec les Nations unies et la Banque Mondiale, le One Planet Summit s’inscrit dans l’agenda de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, signé le 12 décembre 2015, et s’attache particulièrement aux questions de financement des actions climat et à l’alignement des flux financiers qui permettront d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
Des mesures concrètes et immédiates
Les leaders du monde, chefs d’Etat et de gouvernement et chefs de délégation, se sont réunis hier à Paris, capitale de l’accord historique sur le climat, pour arrêter des mesures «concrètes et immédiates» face à l’urgence écologique. Les données scientifiques actuelles estiment que la planète ne dispose qu’un délai de trois ans pour amorcer une réduction mondiale permanente des émissions de gaz à effet de serre afin de pouvoir atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, décidé le 12 décembre 2015. Cet objectif, rappelle-t-on, est de maintenir le réchauffement en-deçà de 2 C par rapport aux niveaux préindustriels, malgré la décision unilatérale des Etats-Unis, le plus grand émetteur de gaz à effet de serre, de ne pas honorer ses engagements contenus dans l’Accord de Paris.
Le sommet, qui se déroule en présence du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, en qualité de représentant du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a ouvert ses travaux dans la matinée de mardi à travers quatre panels, visant à donner une «plus grande» impulsion politique à la lutte contre les changements climatiques. Les quatre panels examinent la situation écologique du monde afin d’élaborer des actions concrètes et les présenter au cours de l’après-midi aux chefs d’Etat et de gouvernement. Les questions liées à la finance pour l’action climat, en faveur d’une économie durable, l’accélération de l’action locale et régionale en faveur du climat et le renforcement des politiques publiques pour la transition écologique et solidaire figurent parmi les points essentiels inscrits à l’ordre du jour des travaux. Les participants à ce sommet devront, en quelque sorte, explorer les voies et moyens de mobiliser la finance publique et privée au service de l’action pour le climat, notamment dans la mise en œuvre des engagements pris par les Etats signataires de l’Accord de Paris. C’est un ainsi qu’ils devront arrêter une douzaine d’actions concrètes pour soutenir, financièrement notamment, et accélérer la lutte commune contre les changements climatiques, autour de trois axes principaux : l’action concrète et collective, l’innovation et la solidarité. Les initiateurs de cette rencontre (la France, l’Onu et la Banque mondiale) attendent de ce sommet des actions innovantes afin d’adapter les systèmes aux changements inévitables, accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de travailler «ensemble» pour accompagner plus encore, notamment, les pays et populations qui en ont le plus besoin.
Avant l’annonce des douze mesures concrètes et la clôture du sommet en fin d’après-midi, trois séquences de haut niveau devront étudier comment amplifier le financement pour l’adaptation et la résilience, accélérer la marche vers une économie décarbonnée et ancrer les enjeux climatiques au cœur de la finance et de décisions de ses acteurs. Il est certain, estiment des analystes présents aux travaux, que la décision de Donald Trump de se retirer de l’Accord de Paris va peser sur le sommet et les actions qui y seront arrêtées. D’ailleurs, c’est dans ce cadre que le président français, Emmanuel Macron, a interpellé lundi, dans une interview à CBS, son homologue américain, réitérant son refus de négocier un nouvel accord. Il s’est montré, cependant, optimiste en disant qu’il était «assez certain» que Trump «va changer d’avis dans les mois ou les années à venir».(APS)