Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a adressé un message de voeux à son homologue tunisien Beji Caïd Essebsi, à l’occasion du 59e anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youcef, dans lequel il a lui a réaffirmé « sa volonté sincère de renforcer et de promouvoir les relations bilatérales privilégiées unissant les deux pays ».
« Il m’est agréable, à l’occasion de la commémoration du 59e anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youcef, de vous présenter au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, nos vœux les meilleurs de santé et de bien être et à votre peuple frère davantage de progrès et de prospérité dans la quiétude et la sérénité », a écrit le chef de l’Etat dans son message.
« Tout en méditant cette épopée héroïque où le sang de nos valeureux martyrs a fusionné renforçant davantage les liens de fraternité et de solidarité qui unissent le peuple algérien et le peuple tunisien frère qui n’a pas hésité à accueillir les révolutionnaires de l’Algérie et à soutenir leur lutte pour la liberté et l’affranchissement du joug du colonialisme, nous nous inclinons à la mémoire des victimes de l’agression barbare de ce 8 février 1958, priant Dieu Tout-Puissant de les accueillir en son vaste paradis », a affirmé le président Bouteflika.
« Je tiens, en cette occasion, à vous réaffirmer notre volonté sincère de renforcer et de promouvoir les relations bilatérales privilégiées qui unissent les deux pays de manière à répondre aux aspirations de nos deux peuples à davantage de coopération, de solidarité et de cohésion au mieux de leurs intérêts communs ».
L’assaut est le signe du désespoir français
Traduisant l’union fraternelle des deux peuples, ces massacres furent exécutés par 11 avions bombardiers de type B26, 6 appareils Corsaire et 8 avions Mistral, selon Dr Riadh Boulehbal de l’université Mohamed Chérif Messaâdia de Souk-Ahras.
Pendant une heure et 20 minutes, ces engins de la mort avaient frappé aveuglement cette paisible localité tunisienne, un jour de marché, tuant 79 personnes dont 20 enfants et 11 femmes, et faisant 130 blessés, rasant 130 habitations, 85 commerces et deux écoles, en plus de la destruction de trois véhicules de la Croix-Rouge internationale.
Dans un message du ministre de la Défense français, le général Salin avait indiqué que l’assaut avait réalisé 80 % de ses objectifs confirmés par « des photographies aériennes » le qualifiant de « droit » et de « légitime défense », a ajouté le même universitaire.
De son côté, Dr Djamel Ouarti de la même université, a estimé que les frontières et les barrières n’ont jamais séparé réellement les deux peuples dont le sang innocent s’était mélangé dans ce village tunisien, symbole de solidarité avec la Révolution algérienne.
Il a également relevé le caractère historique de ces liens, notant que deux des Beys de Tunisie ont des oncles maternels de la tribu des Hnancha de Souk-Ahras, estimant que l’agression contre Sakiet Sidi Youcef reflète les errements de la 4ème république française qui s’était attribuée le « droit » de poursuivre les unités de l’ALN jusqu’en territoire tunisien.
Cette attaque marqua un tournant décisif dans le processus de la Révolution algérienne, le commandant de l’ALN ayant alors exprimé sa solidarité entière avec le peuple tunisien et mis ses troupes à la disposition du gouvernement tunisien pour faire face à l’ennemi commun.
L’Egypte et la Syrie avaient annoncé également leur solidarité avec le peuple tunisien et le roi du Maroc Mohamed V avait adressé une lettre de condoléances à la Tunisie et ordonné à l’héritier du trône et son ministre des Affaires étrangères qui étaient en France de regagner immédiatement le pays.
Les Etats-Unis avait qualifié le bombardement de Sakiet Sidi Youcef de « folle action » laquelle, au lieu d’affaiblir les révolutionnaires algériens, a ravivé leur détermination, a ajouté le même universitaire, indiquant que l’Union soviétique avait imputé l’attaque au « désespoir de la France » incapable de freiner la lancée d’un peuple révolté.
Algérie-Tunisie, des rapports ancestraux
Les relations entre l’Algérie et la Tunisie sont ancestrales et puisent leurs racines communes dans le patrimoine civilisationnel et culturel des deux peuples, d’autant que, durant la Révolution, l’ALN avait à la faveur de cette solidarité historique, établi une base arrière sur le territoire tunisien pour plusieurs milliers de moudjahidine et leurs familles répartis sur les campagnes tunisiennes.
Se prévalant du droit de poursuivre les insurgés algériens, la France a violé à maintes reprises l’intégrité territoriale de la Tunisie tuant des Algériens mais aussi des Tunisiens.
La commémoration des évènements de Sakiet Sidi Youcef vient rappeler et consolider encore une fois les liens séculaires singuliers entre les deux peuples voisins.