Chez le peuple, la jeunesse a tiré les enseignements qu’il fallait : a fermement affiché son intention d’aller à la lutte armée.
» Les événements du 8 mai 1945, ont profondément marqué les jeunes qui étaient âgés, à l’époque, de 20 à 25 ans. Personnellement, je ne m’imaginais pas que le colonialisme allait avoir un comportement aussi brutal à l’encontre de notre peuple.
Durant ces événements, j’ai eu à constater dans la région de Sétif, ainsi que dans celle des Aurès, tout ce qu’avaient enduré nos compatriotes par le fait colonial. Les jeunes générations qui venaient à l’action militante, ont pris conscience, une fois pour toutes, que le seul langage que comprenait la puissance coloniale était celui de la lutte armée. Il est vrai que les luttes politiques avaient leur importance mais, dans le contexte marqué par les massacres du 8 mai, elles sont devenus totalement obsolètes.
L’idée qui a prévalu à l’époque était celle de la nécessité d’aller à la confrontation armés avec le colonisateur. Il faut rappeler que les événements du 8 mai 1945 sont intervenus juste après la fin de la deuxième guerre mondiale.
Cette période était caractérisé part d’une part, l’émergence des AML, lesquels avaient séduit et mobilisé de larges couches de la population algérienne, notamment chez les jeunes : d’autre part, part l’entrée en scène des Alliés qui étaient porteurs de la » Charte de l’Atlantique » qui stipulait et encourageait le respect du droit des peuples à l’autodétermination.
Le M.T.L.D., en jonction avec les autres courants nationalistes dans un premier temps, et l’Association des oulémas par la suite, partageait pleinement le contenu de cette Charte. Les jeunes étaient à blanc, ils étaient surexcités à l’idée d’une libération prochaine, d’autant plus qu’ils avaient participé largement à ml’effort de guerre contre le nazisme. Leurs enfants avaient combattu vaillamment sur tous les fronts des batailles européennes. Ils croyaient fermement à la perspective de pouvoir vivre dans leur pays avec beaucoup plus de liberté.
Or, il se trouve que les soldats algériens, de retour dans leurs foyers, ont trouvé des mechtas brûlés, des milliers d’arrestations, des morts dont le nombre à été évalué entre 25000 et 40000, ce qui est énorme.
Par ailleurs, les événements du 8 mai 1945 ont été un élément de mûrissement de toute une jeunesse qui a opté pour une voie dure avec les colonisateurs, à savoir l’action directe. C’est pour cette raison que je dis qu’après ces événements, le réformisme en Algérie à reçu un coup, si bien que la plupart des jeunes venaient au P.P.A. que d’aller à l’U.D.MA. qui avait une autre vision des luttes. »