La visite de Mehdi Jomaa vise, selon les termes officiels utilisés dans les deux capitales, à renforcer les relations économiques et sécuritaires entre les deux pays. «Plus que des relations de voisinage, les liens entre les deux pays sont basés sur une histoire et un destin communs», a déclaré M. Jomaa à l’APS, la veille de son déplacement algérois.
Au-delà de l’aspect protocolaire, cette visite semble revêtir un cachet spécial. Et la tradition qui consiste à choisir l’Algérie comme première destination après leur désignation commence à s’installer chez les chefs de gouvernement tunisiens de l’ère post-révolution. Le bal avait été ouvert par Caïb Essebsi, ensuite Hamadi Jabali et Ali Laârayedh ont suivi ses pas. Les deux Premiers ministres d’Ennahdha ont effectué plusieurs visites à Alger.
Le poids de la géographie et de l’histoire
Les aspects de coopération ne manquent pas. Et les moments de flottement et de doute, nés de l’incompréhension qui a suivi la chute de Ben Ali en 2011, ont vite laissé place à une réalité beaucoup plus exigeante : les deux voisins maghrébins ont intérêt à travailler ensemble. A commencer par le dossier sécuritaire. Là, les Tunisiens ne sont pas près d’oublier l’aide précieuse apportée par l’Algérie à leurs forces de sécurité, lorsque ces dernières étaient confrontées à une montée en puissance des groupes djihadistes auteurs d’attentats meurtriers. Cette situation est inconnue chez nos voisins qui ont toujours vécu dans la quiétude. L’Algérie, soucieuse de ne pas s’immiscer dans les affaires internes de ses voisins, s’est sentie, un moment, dans l’obligation de jouer les intermédiaires dans un pays confronté à une crise politique née d’une série d’assassinats d’opposants de gauche. Cette médiation, agaçant certains hommes politiques tunisiens, semble donner ses fruits.
Même si la solution est avant tout l’œuvre des Tunisiens qui ont réussi à dépasser leurs divergences afin de parvenir à un accord qui a abouti à une Constitution historique. Si la coopération est excellente sur le plan sécuritaire, l’économie constitue le talon d’Achille des relations algéro-tunisiennes. Depuis quelques jours, en effet, des opérateurs économiques algériens se plaignent des blocages des autorités tunisiennes qui ne facilitent pas l’exportation de produits algériens vers la Tunisie. Cette question d’échanges commerciaux va être abordée lors de la visite de Mehdi Jomaa et lors de la réunion de la Grande commission mixte qui se tiendra le 8 février à Tunis. Ce sera également l’occasion aux deux Premiers ministres de célébrer les événements de Sakiet Sidi Youssef qui avaient mêlé, il y a 56 ans, le sang des deux peuples.



