Le plan d’urgence pour l’alimentation en eau potable de la wilaya d’Annaba, mis en branle récemment par les pouvoirs publics pour juguler un stress hydrique dans la région, contient sept points essentiels.
Le plan d’urgence pour l’alimentation en eau potable de la wilaya d’Annaba, mis en branle récemment par les pouvoirs publics pour juguler un stress hydrique dans la région, contient sept points essentiels.
Le ministre a consacré la deuxième journée de sa visite de travail et d’inspection dans la wilaya de Annaba, jeudi, à la mise en service du projet d’achèvement des travaux du système d’alimentation en eau potable (AEP) du site Santon desservant le centre du chef-lieu de wilaya de Annaba.
Sur place, il a annoncé que la distribution de l’eau potable reviendra à la normale à partir de la semaine prochaine, après la grave crise qu’a connue une partie de la wilaya d’Annaba. «Ma présence à Annaba, c’est de m’enquérir de l’état d’application du programme d’urgence pour apporter une solution à la crise de l’eau potable», a souligné le ministre, précisant, à ce propos, que l’Etat a consacré une importante enveloppe financière pour ce programme.
La crise de l’eau est le résultat du délaissement des forages de Boutheldja (El Tarf), qui fournissaient à Annaba environ 35.000 m3 par jour, a fait savoir avec regret le ministre, qui s’est rendu dans la même journée dans la wilaya d’El Tarf où il s’est déplacé au barrage de la Mexa. Après l’exposé consacré à l’alimentation en eau potable des wilayas de Annaba et d’El Tarf, il a donné le coup d’envoi des travaux de réhabilitation de la conduite à partir de la station de Mexa jusqu’à Annaba —il est utile de rappeler que cette wilaya est alimentée principalement en eau potable à partir de deux systèmes de transfert d’eau des barrages Mexa et Cheffia, assurant les besoins de 80% de la population. Les 20% restants de la population sont alimentés par des systèmes indépendants.
La baisse du niveau du barrage Cheffia, qui ne mobilise actuellement que 20 000 m3/j au lieu de 80 000 m3/j, a affecté sensiblement l’AEP de la population de la wilaya de Annaba, surtout que ces 20 000 m3 étaient jusqu’au 07 septembre 2017 destinés au complexe d’El Hadjar— ; la réhabilitation des champs de captage de Boutheldja incluant 32 forages, un réseau de collecte de 58 km ainsi que la réfection du réseau électrique ; la réhabilitation et le dédoublement de la conduite Mexa-H’nichet sur 22 km qui permettra un gain de 35 000 m3/j dès décembre 2017 ; la réalisation de 11 nouveaux forages pour un débit de 15 000 m3/j dont 5 sont déjà en cours de développement et seront livrés d’ici fin octobre 2017 ; la réhabilitation des champs de captage «Les Salines» composés de 6 forages pour un débit de 13 500 m3/j.
Réparation des fuites pour mieux maîtriser la distribution
Outre cela, la réhabilitation des stations de traitement de Mexa et de Chaiba pour un montant de 150 millions de DA ainsi que celle de 13 stations de pompage au niveau de la wilaya d’Annaba. Par ailleurs, l’adaptation des équipements de la station d’épuration d’Annaba comme solution pour l’alimentation du complexe El Hadjar SIDER est envisagée.
Cette solution permettra d’autonomiser définitivement le complexe d’El-Hadjar, et ceci dans le cas où la qualité de l’eau épurée conviendrait aux exigences du complexe. Cette action nécessite également la réparation des fuites sur la conduite de refoulement vers la station d’épuration. Il y a lieu de signaler qu’une solution alternative a été mise en œuvre le 11 septembre, consistant à effectuer des lâchers d’eaux à partir du barrage Cheffia (5.000 m3/h) afin de les récupérer au niveau de la prise Bounamoussa.
Ces eaux seront refoulées gravitairement vers deux réservoirs via la station de traitement de Chaiba. Avec cette solution, la production d’eau pour les 5 communes (Seraidi, Sidi Amar, El Hadjar, El Bouni et Annaba) sera comme suit : 85.000 m3/j (Mexa) + 8.000 m3/j (forages) + 50.000 m3/j (Cheffia) = 143.000 m3/j, ce qui couvrira largement les besoins de la population pour passer à une distribution au quotidien.
Le ministre a souligné tout au long de sa visite a Annaba et El Tarf l’engagement de l’Etat à prendre en charge l’alimentation en potable des populations et des besoins des unités industrielles qui utilisent beaucoup d’eau dans leur processus de production, à l’exemple du complexe El Hadjar Sider. A titre illustratif, il a indiqué qu’une enveloppe financière de l’ordre de 25 milliards de dinars du Fonds national de l’eau (FNE) a été accordée à la wilaya d’El Tarf pour la réhabilitation des réseaux de l’eau et la réalisation des nouveaux forages en plus de la maintenance des anciens. Le ministre des ressources en eau est revenu sur le projet de l’usine de dessalement de l’eau de mer prévue à El Chatt (El Tarf). « Nous sommes en contact avec le ministère de l’Energie pour lancer l’appel d’offres relatif à ce projet», a-t-il précisé. Il insistera partout où il est passé sur la nécessité du respect des délais de réalisation de tous les projets, notamment celui de la réhabilitation de la conduite Mexa-H’nichet-Annaba.
B. Guetmi
Complexe sidérurgique Sider El Hadjar
Retour à la normale
Le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib a annoncé jeudi à Annaba «le retour à la normale de l’approvisionnement en eau potable de la population d’Annaba et le complexe sidérurgique Sider El Hadjar». Lors de son passage sur les ondes de la radio locale, au cours de sa visite dans cette wilaya, le ministre a précisé qu’il a été procédé «à une nouvelle manière d’exploitation des eaux du barrage Bounamoussa (El Tarf) pour remédier aux perturbations de l’alimentation en eau potable à Annaba». Pour faire face à la baisse du volume d’eau au niveau du barrage Bounamoussa (165 millions m3), un seuil qui le rend inexploitable, «il sera procédé à l’exploitation des ouvertures dans les couches inférieures de l’ouvrage hydraulique pour l’approvisionnement en eau», a-t-il détaillé.
M. Necib a indiqué que cette mesure, mise en œuvre, permettra la mobilisation de 80 000 m3/j dont 50 000 seront destinés à l’alimentation des populations et 30. 000m3 pour le complexe sidérurgique Sider El Hadjar. Le ministre a affirmé que cette nouvelle manière d’exploitation des eaux de Bounamoussa permettra «de couvrir les besoins de la ville de Annaba en matière de cette denrée vitale pendant trois mois, en attendant l’arrivée de la saison des pluies et les concrétisations des grands chapitres du plan d’urgence arrêté par les pouvoirs publics».
Conjuguer les efforts
Entre la tentative des citoyens à Annaba de s’adapter à la pénurie d’eau que vit la ville depuis le début de l’été et la prise de conscience de l’exigence de la rationalisation de la consommation de cette denrée vitale, les citoyens attendent avec impatience la concrétisation du plan d’urgence adopté pour remédier à cette pénurie. Pour Mohamed, un chef de famille rencontré au centre ville d’Annaba, cette phase critique exige, pour être surmontée, «la conjugaison des efforts de tous». «C’est important que responsables, élus et mêmes citoyens se mobilisent pour rendre palpable ce programme d’urgence, à commencer par réparer les fuites sur les réseaux d’alimentation en eau potable», souligne-t-il. Pour Mme Amina, femme au foyer, la quête de l’eau est devenue «un tracas quotidien» pour les ménages. «Depuis le début de l’été, je cotise avec des voisins de mon quartier pour acheter une citerne d’eau. Ceci affecte un budget déjà serré, mais il faut bien s’accommoder avec la situation», lance-t-elle.
La citerne d’eau de 1.000 litres est cédée entre 2.500 et 3.000 DA, affirme, de son côté, Saïd (64 ans) gérant d’un café à la cité Oued El Kouba, qui dit recourir à la Javel pour dissiper un tant soit peu ses soupçons sur la qualité et l’origine de l’eau acquise.
En effet, l’absence de «toute forme de contrôle» des citernes d’eau a été soulevée par des citoyens, évoquant les risques de contamination par d’éventuelles maladies à transmission hydrique. Pour des médecins et universitaires partageant le même avis, la mobilisation d’urgence des services de contrôle pour la surveillance de l’eau vendue par les camions citernes constituerait un «appui» au plan d’urgence adopté pour remédier à la pénurie d’eau. Dans le cadre du plan d’urgence géré par la cellule de crise mise sur pied à cet effet, plus de 25 camions-citernes ont été mobilisés par les services des communes pour approvisionner les agglomérations classées «points noirs» dont El Birka Ezarga, Hadjr Eddiss, El Kheraza et Seybous ainsi que les pôles urbains El Bouni, El Hadjar et Sidi Amar. (APS)