Le secteur de l’Environnement n’est plus considéré comme « la 5e roue de la charrette » dans la wilaya de Jijel, a affirmé le directeur de l’Environnement, Derradji Belloum-Alkama. Naguère quelque peu sous-estimé, le secteur de l’Environnement « bénéficie aujourd’hui de toute la sollicitude et de toute une batterie de textes juridiques et réglementaires qui constitue autant de garde-fou, a indiqué ce responsable à l’APS à la veille de la célébration de la Journée mondiale de l’environnement. « Les outils mis en place par l’Etat ont fait que ce secteur est devenu un élément incontournable dans toute prise de décision liée à la réalisation de tout projet de développement », a-t-il souligné.
La protection de l’environnement passe aussi par l’implication citoyenne
Pour le cas de la wilaya de Jijel, réputée par ses richesses naturelles et ses innombrables atouts et/où l’environnement, pour reprendre une expression de M. Belloum-Alkama, « n’est ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc », l’état de santé du secteur passe par la prévention et l’implication pour atteindre les objectifs tracés localement. S’agissant des moyens déployés par les pouvoirs publics en matière de gestion des déchets ménagers, M. Belloum-Alkama n’a pas caché sa satisfaction devant les efforts fournis par l’Etat et que le citoyen « ressent favorablement ». Le même responsable a notamment cité, à ce propos, la création et la mise en exploitation de trois CET (centres d’enfouissement technique) intercommunaux qui ont permis la fermeture totale de décharges incontrôlées publiques, celles, en l’occurrence, de Taher, El Milia et de Mezghitane. Des moyens supplémentaires totalisant 220 millions de dinars ont été alloués au secteur de l’environnement pour la réalisation de casiers pour chaque CET, afin d’augmenter leur capacité de traitement et allonger leur durée de vie. Ces investissements, a souligné le directeur de l’environnement, s’inscrivent dans le cadre des efforts de l’Etat pour améliorer le cadre de vie du citoyen et éliminer toute source de pollution. Ces équipements ont, par ailleurs, bénéficié de projets de réhabilitation dans le cadre du projet FEDEP (Fonds de l’environnement et de dépollution), pour lesquels des appels d’offres nationaux ont été lancés, a fait savoir le même responsable, précisant que ces CET reçoivent une moyenne de 250 tonnes/jour. Un volume qui augmente de 50 % en période estivale en raison du flux d’estivants. Désormais « présent », le secteur de l’environnement s’est « imposé » dans les décisions relatives, surtout, aux projets de grande envergure, à l’image du futur complexe sidérurgique de Bellara (El Milia) où la prise en compte des impacts et des dangers sur le milieu ont constitué une condition sine qua none à la mise sur rail de ce projet.
Subsistance de « points noirs »
Il subsiste néanmoins des « points noirs » dans la wilaya de Jijel où le tissu industriel n’est pourtant pas aussi important que celui d’autres wilayas du pays. La tannerie-mégisserie, une installation classée, constitue, à cet égard, un « lourd héritage », a indiqué le directeur de l’environnement, déplorant la non-fonctionnalité de la STEP (station de traitement des eaux usées) de cette usine de cuir, ce qui induit des rejets nocifs ressentis dans l’entourage immédiat.
L’autre entreprise, spécialisée dans la production d’aggloméré expansé de liège, avec ses rejets gazeux « tolérés car pas aussi nocifs » est aussi dans le collimateur.
Les deux entités économiques sujettes à des taxes de pollution ont récemment été rappelées à l’ordre par la direction de l’Environnement qui a sommé ses responsables de prendre les mesures nécessaires pour la dépollution. Autre « point noir », et non des moindres, l’hôpital de Jijel est également visé à cause des rejets de fumées de son principal incinérateur. Des riverains se sont plaints et ont pointé du doigt cette installation soupçonnée d’être à l’origine de diverses maladies respiratoires, selon une association du quartier populeux Village Moussa. Les visites techniques effectuées par une commission ad-hoc n’ayant pas été suivies d’une amélioration de la situation, l’administration de l’Environnement a accordé un moratoire d’un mois pour la fermeture de ces équipements devenus obsolètes par la force de l’usage.
La lutte contre les prédateurs de sable : cheval de bataille de la gendarmerie nationale
La solution de rechange annoncée consiste à réaliser trois incinérateurs dans la région pour un montant de cent millions de dinars, a indiqué M. Belloum-Alkama, précisant que des appels d’offres ont été lancés alors qu’un bureau d’études spécialisé, agréé par le ministère de tutelle, a été désigné.
Enfin, s’agissant de l’extraction illicite du sable de mer par des individus peu scrupuleux, opérant le plus souvent en bandes organisées, une mention spéciale est à accorder à la Gendarmerie nationale qui, outre ses missions classiques et traditionnelles, a fait de la lutte contre les pilleurs de sable son cheval de bataille. Les « descentes » et autres opérations « coup-de-poing », effectuées de jour et de nuit dans la parties est du littoral, si elles se soldent par des saisies d’importantes quantités de sable extrait illicitement, et par l’arrestation de nombreux prédateurs, ne semble pas avoir l’effet dissuasif escompté, puisque le « carrousel » de camions sur les routes de la wilaya de Jijel est encore visible, surtout de nuit. Mais la lutte se poursuit, inlassablement.
A la direction de wilaya de l’Environnement, actuellement hébergée à la cité administrative en attendant d’occuper le nouveau siège réalisé à l’entrée est de Jijel, malgré un effectif limité à une vingtaine de personnes entre cadres, ingénieurs et inspecteurs, le combat pour la protection de l’environnement, de la biodiversité et du cadre de vie se conjugue au quotidien.