Ahmed Ouyahia signe officiellement son retour à la tête du RND ce mercredi 10 juin, à l’occasion du Conseil national du parti à Zeralda. En l’absence de tout autre candidat, le directeur de cabinet du président Bouteflika deviendra Secrétaire général à la faveur d’un plébiscite.
« Il ne pouvait y avoir de toute façon un autre candidat. La protestation contre Abdelkader Bensalah avait un seul objectif : remettre les clés du parti à Ouyahia », précise une source au RND.
À la veille de ce rendez-vous, la situation semble totalement maîtrisée par Ahmed Ouyahia, lequel a eu l’occasion de discuter longuement avec les coordinateurs et membres du Conseil national en début de semaine lors d’un dîner offert par le coordinateur de Tipaza. « Nous avons demandé à Ouyahia de reporter l’installation du nouveau Bureau pour après le Ramadhan », précise notre source. Une demande acceptée par le concerné.
Demain donc, un seul et unique point sera inscrit à l’ordre du jour du Conseil national : l’élection du nouveau Secrétaire général. La séance sera clôturée juste après. Mais selon nos informations, Ouyahia tiendra une conférence de presse en marge de la réunion pour évoquer son retour à la tête du deuxième parti du pouvoir et livrer son analyse de la situation politico-économique et sociale dans le pays.
Le retour d’Ahmed Ouyahia à la tête du RND amène certains à se poser des questions sur son avenir à la présidence. Selon nos informations, il gardera son poste au moins jusqu’au congrès qui se tiendra en septembre.
Ce qui est sûr néanmoins, c’est que le commis de l’État, poussé à la porte en 2013, revient renforcé à la tête du parti. L’homme, nous dit-on, fait même l’unanimité auprès de ceux qui affichaient des réticences jusqu’à un passé très récent.
« L’intérêt du parti et du pays priment », justifie Belkacem Mellah, membre du Conseil national. Ce dernier souhaite d’ailleurs la participation d’Abdelkader Bensalah demain : « Bensalah n’a jamais manqué une réunion du Conseil national. On aimerait bien le voir avec nous demain », précise-t-il.
Si Ouyahia revient au RND dans une conjoncture politique qui ressemble beaucoup à celle qui a précédé son départ, les éléments de la crise, par contre, ne sont plus les mêmes. Dans cette nouvelle bataille de leadership qui se dessine, et alors que planent toutes les incertitudes politiques, Ahmed Ouyahia sera appelé sans nul doute à prendre en considération deux nouvelles donnes.
Amar Saâdani, le Secrétaire général du FLN, plébiscité par son Comité central, peut désormais compter sur un appui assumé par le clan présidentiel et un soutien publiquement affiché de la part de la Grande muette, l’armée.
L’autre élément est cette nouvelle relation qui s’installe entre le gouvernement et le FLN avec l’appui indéfectible à l’actuel Premier ministre Abdelmalek Sellal.
Ahmed Ouyahia n’a jamais fait un mystère de sa volonté de « servir le pays ». Il a avoué à plusieurs reprises que « la présidence de la République est une rencontre entre un homme et son destin ». Va-t-il franchir le pas et assumer ses ambitions politiques ? Un pas qui semble aujourd’hui plus compliqué que jamais.
En soutenant Amar Saâdani, Gaïd Salah a, en effet, donné les indices sur le choix de l’institution militaire lors de la prochaine présidentielle. L’armée défendra le candidat du FLN ou le candidat du FLN sera celui de l’armée. Et dans les deux cas, la carte Ouyahia est d’ores et déjà grillée de ce côté du pouvoir.
Mais avant cette échéance, Ouyahia devra d’abord réussir le pari du congrès à la rentrée. Un congrès qui interviendra après celui tenu par le FLN qui a vu la participation de plus de 6 000 congressistes, ainsi que plusieurs invités de marque à l’image des ministres et diplomates. Lors du congrès, Ouyahia devra faire au moins aussi bien que Saâdani.